Impacts sur le niveau de vie des populations du Haut Bassin du Mandrare
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Comparaisons avec les communes littorales du District d’Amboasary



Etude effectuée par
Sylvie Le Guével
(Octobre 2007)




Introduction


1. Un accès amélioré aux services sociaux de base

1.1. Accès à l’eau potable
1.2. Accès aux services de santé
1.3. Accès à l’éducation
1.4. L’alphabétisation des adultes

2. Une évolution positive des revenus

2.1. Par une relance de la riziculture
2.2. La diversification des revenus agricoles par la promotion des cultures maraîchères
2.3. La réhabilitation des routes et pistes et leurs effets sur la vie économique locale
2.4. Un accès aux services financiers qui contribue à la sécurisation, à la diversification et à l’augmentation des revenus
2.5. Des résultats

3. La sécurité alimentaire atteinte
3.1. Evolution de la situation alimentaire de 2002 à 2006 dans le Haut Bassin du Mandrare
3.2. La sécurité alimentaire dans le Haut Bassin du Mandrare très peu mise en péril
3.3. Comparaisons avec les communes littorales du district d’Amboasary : des indicateurs de niveau satisfaisant pour le Haut Bassin du Mandrare






INTRODUCTION

Le Projet de Mise en valeur du Haut Bassin du Mandrare (PHBM) trouve son ancrage historique dans la grande crise alimentaire de 1991-1992 qui a sévèrement affecté le sud de Madagascar. Plusieurs années de sécheresse n’ont fait qu’amplifier une situation de pauvreté rurale déjà endémique. Le PHBM débuté en 1996, visait à atténuer les effets immédiats de la crise alimentaire et, au-delà, à endiguer un processus de paupérisation qui se traduisait par des formes classiques de privation: insuffisance alimentaire, mortalité humaine élevée, faible taux de scolarisation et fort taux d’analphabétisme, dégradation généralisée de l’ensemble des infrastructures économiques et sociales, enclavement. La zone du Haut Bassin du Mandrare qui était auparavant connue comme le « grenier à riz » des régions Anosy et Androy, ne pouvait plus compter sur ses infrastructures productives très dégradées.
Dans ce contexte, le PHBM a notamment été conçu pour contribuer à réduire la pauvreté rurale et assurer la sécurité alimentaire des populations du Haut Bassin du Mandrare en permettant une relance de la production agricole ainsi qu’une diversification, une sécurisation et une augmentation des revenus ruraux. Le PHBM a été mis en œuvre en deux phases successives : une première phase (PHBM I) de 1996 à 2000 sur cinq communes (Tsivory, Elonty, Marotsiraka, Mahaly et Tomboarivo) avec une forte composante infrastructurelle et une deuxième phase (PHBM II) de 2001 à 2008 étendue à six autres communes (Ebelo, Esira, Imanombo, Maromby, Ranobe, Tranomaro) à composantes plus variées, tendant vers une approche de développement intégré.

Cette étude présente des résultats et des impacts du PHBM sur le niveau de vie des populations du Haut Bassin du Mandrare. Les données statistiques relatives à la zone d’action du PHBM sont issues du Réseau des Observatoires Ruraux (ROR) qui effectue, annuellement, un suivi en panel des ménages. Cinq cent ménages ruraux de quatre communes de la zone du Haut Bassin du Mandrare sont enquêtés chaque année depuis 2002. Deux communes (Tsivory et Mahaly) bénéficient des interventions du PHBM depuis 1996. Les deux autres communes (Ebelo et Tranomaro) sont appuyées par le Projet depuis 2001. Dix des onze communes où intervient le PHBM sont situées dans le District d’Amboasary, dans la région Anosy. Seule la commune d’Imanombo appartient à la région Androy. Les analyses comparatives portent sur les communes du District d’Amboasary ne bénéficiant pas d’appuis du PHBM (Amboasary Atsimo, Sampona, Ifotaka, Tanandava Atsimo et Manevy). Les données sont extraites de l’ « Atlas des données structurelles concernant la sécurité alimentaire » produit par le Système d’Information Rurale et de Sécurité Alimentaire (SIRSA) en 2006. Enfin, l’évolution annuelle de la sécurité alimentaire depuis 1997 se base sur les résultats du Système d’Alerte Précoce (SAP) chargé de la surveillance de la sécurité alimentaire dans le Grand Sud de Madagascar. Les cartes et graphiques sont visibles dans la présentation Powerpoint attachée.


1. Un accès amélioré aux services sociaux de base


La zone du Haut Bassin du Mandrare, à l’arrivée du PHBM, manquait cruellement de tout un ensemble de services sociaux de base. Le Projet ne pouvait pas relancer la production agricole dans le Haut Bassin du Mandrare sans garantir aux populations un accès à ces services de base. Le PHBM a collaboré avec des partenaires financiers et institutionnels pour répondre aux besoins de la zone.

1.1. Accès à l’eau potable
(cf. diapositive n° 3)

Le PHBM a établi un partenariat avec le Ministère de l’Energie et des Mines ainsi qu’avec le programme Alimentation en Eau dans le Sud (AES) pour réhabiliter des équipements et construire 36 nouveaux points d’eau. Le pourcentage des ménages ayant accès à l’eau via des pompes publiques ou des puits est passé de 8 % en 2002 à plus de 34 % en 2006. Les populations remarquent une réelle amélioration de leur santé en accédant à une eau de qualité. Les maladies courantes liées à l’eau (diarrhées et bilharziose) ont quasiment disparu dans les villages dotés de points d’eau potable. Le mandat du PHBM n’étant pas d’assurer l’accès à l’eau potable pour les populations du Haut Bassin du Mandrare, le nombre de points d’eau construits est encore très insuffisant. Cependant, grâce aux actions entreprises par le PHBM en termes de planification locale, les communautés locales (communes et villages) sont désormais capables d’aller solliciter l’aide de différents bailleurs et de différents programmes de développement pour répondre à leurs besoins d’équipement.


1.2. Accès aux services de santé


La construction de centres de santé de base (CSB) a été le fruit d’une collaboration avec le Ministère de la Santé, l’UNICEF et le BIT. Le PHBM a contribué au financement, à la réhabilitation et à la construction de 4 CSB pour les communes de la première phase. Le BIT a été chargé de l’exécution des travaux avec le financement du PHBM. En deuxième phase, un partenariat réalisé avec le Fond d’Intervention pour le Développement (FID) sous financement de la Banque Mondiale a abouti à la construction de 5 CSB pour les communes de la seconde phase. L’UNICEF a dispensé des formations au personnel local et a fourni le matériel médical et un premier lot de médicament. Le Ministère de la Santé a assuré l’affectation du personnel. Le PHBM a aussi contribué à l’animation et à l’organisation des bénéficiaires pour leur participation au financement et à la gestion des infrastructures en instaurant des comités de gestion pour chaque infrastructure construite. Neuf des onze communes sont dotées d’un CSB. Ranobe et Tomboarivo, communes issues d’un partage de communes déjà existantes n’ont pas encore de CSB. Les demandes de construction de CSB sont déjà priorisées dans les plans communaux de développement.
Cependant, les critères du Ministère de la Santé prévoyant un CSB pour 6000 habitants seraient sans doute à reconsidérer pour les adapter à la zone du Haut Bassin du Mandrare qui est très faiblement peuplée. Certains villages sont situés à plus de 25 kilomètres du chef-lieu de commune. Il est alors très difficile pour ces populations d’accéder au CSB, surtout en saison des pluies.

Parallèlement à la collaboration avec des partenaires pour assurer l’équipement des communes en infrastructures sanitaires, le PHBM a mis en œuvre des activités en santé communautaire dans le but de réduire les menaces pesant sur la force productrice. Ces activités visaient à : (i) contribuer à une meilleure connaissance des risques et complications de la grossesse chez 60 % des femmes enceintes par la pratique de la maternité sans risques ; (ii) contribuer à une augmentation de 8 % par an de la prévalence contraceptive dans les villages de la zone d’action du PHBM ; (iii) contribuer à une meilleure connaissance des risques, des modes de transmissions et de préventions du VIH-SIDA chez 80 % des jeunes ; (iv) améliorer les pratiques nutritionnelles pour 70 % des enfants de moins de trois ans. Les activités mises en œuvre par une ONG locale ont permis la formation de :
- 139 animateurs et animatrices nutritionnels (49 hommes et 90 femmes) qui sont chargés de la sensibilisation nutritionnelle. Ces 139 agents couvrent les 138 Fokontany (unité administrative locale regroupant plusieurs villages) de la zone d’action du PHBM ;
- 133 agents de santé communautaire (45 hommes et 88 femmes) qui animent et conseillent les populations sur le planning familial, l’usage et l’approvisionnement en contraceptifs ;
- 204 pairs éducateurs mixtes conseillent sur la santé de la reproduction et conseillent pour la prévention des maladies sexuellement transmissibles ;
- 88 accoucheuses traditionnelles ou matrones sensibilisent à la maternité sans risques et sont capables d’effectuer des accouchements quand les patientes se trouvent trop loin d’un CSB.
Les résultats observés sur les 57 Fokontany ou les animateurs de l’ONG ont été affecté sont encourageants :
- Le taux de couverture de contraception a augmenté de 27 % ;
- Le taux de première consultation prénatale a augmenté de 70 % ;
- Enfin 60 % des jeunes connaissent les modes de transmissions et les modes de prévention des maladies sexuellement transmissibles.
Les volontaires identifiés par les communautés sont maintenant capables d’assurer l’animation des populations et assurent le suivi des activités initiées en 2004 par l’ONG spécialisée. Ces volontaires poursuivent maintenant les sensibilisations et continuent d’appuyer les CSB en remettant des rapports mensuels qui permettent de faciliter le suivi des populations locales pour les médecins.


1.3. Accès à l’éducation
(cf. diapositive n° 5)


Le partenariat avec le FID a abouti à la construction de 13 écoles publiques dans les 11 communes où intervient le PHBM. Le taux de scolarisation dans le primaire a augmenté mais reste toutefois très faible. Il est passé de 34 % en 2002 à 50 % en 2003. Cette augmentation significative s’explique par la campagne éducative entreprise par le gouvernement à partir de 2003 qui visait à fournir un kit scolaire à tous les enfants en âge d’aller à l’école. Cependant, le taux de 50 % atteint en 2003 ne cesse de décroître depuis et n’est plus que de 47 % en 2006. L’accès aux écoles primaires reste en effet toujours difficile pour la majorité des enfants n’habitant pas dans les chefs-lieux de commune. Elles sont souvent situées trop loin des villages et l’accès est parfois rendu impossible en saison des pluies. D’autre part, le travail des enfants est encore très présent dans le Haut Bassin du Mandrare. Beaucoup d’enfants participent aux travaux agricoles, les très jeunes garçons sont souvent obligés de travailler comme bouvier pour leurs parents, les filles s’occupent des travaux domestiques. Certains Fokontany qui avaient inscrits le besoin d’école dans leur plan villageois de développement ont néanmoins réussi à obtenir des financements pour doter leur village d’une école communautaire où un professeur a été affecté par le Ministère de l’Education.


1.4. L’alphabétisation des adultes


A son arrivée en 1996 dans les 5 première communes ou en 2000 dans les communes de la seconde phase, le PHBM s’est heurté au très fort taux d’analphabétisme prévalant dans la zone, allant de 70 à 95 % en fonction des communes. Il était alors très difficile de mettre en place des structures de planification locale et des organisations paysannes solides et autonomes avec de tels niveaux d’illettrisme. Le travail d’alphabétisation qui a été confié à une ONG spécialisée visait à répondre aux besoins de tous ceux qui étaient susceptibles de s’impliquer dans des microprojets et des projets financés par le PHBM. L’approche retenue par l’ONG a consisté en une alphabétisation fonctionnelle, sélective adaptée aux besoins précis des porteurs de projets et de mini-projets et semi intensive à raison de 2 heures par jours 5 jours par semaine pendant 6 mois. A l’issue des trois niveaux de formation, les apprenants doivent être capables de lire, écrire, calculer et peuvent appliquer leurs nouvelles connaissances dans leur vie professionnelle, associative et civile.
Sur les 8100 personnes qui ont bénéficié de l’alphabétisation fonctionnelle, 6636 ont atteint le dernier niveau où les femmes étaient représentées à 49 %. 751 apprenants souhaitant recycler leurs connaissances ont bénéficié d’une formation technique complémentaire après une année supplémentaire d’apprentissage. 251 centres d’alphabétisation sont mis en place et sont fonctionnels. Ils sont animés par 173 alphabétiseurs villageois et 21 animateurs communaux. Les activités de post-alphabétisation qui consolideront les connaissances acquises est actuellement mise en place. Des volontaires villageois choisis parmi les animateurs communaux, les alphabétiseurs villageois et les apprenants néo-alphabétisés seront chargés d’animer des groupes de lecture. Les centres d’alphabétisation recevront des copies des supports écrits produits par le PHBM et qui concernent l’ensemble des activités menées par le Projet dans la zone. Des bibliothèques seront mises en place et prises en charge par les communes.
L’alphabétisation fonctionnelle a, selon les bénéficiaires, permis de créer une soif de savoir, a donné plus d’assurance aux nouveaux alphabétisés et les a rendu plus autonomes dans leur vie quotidienne. Les messages techniques vulgarisés sont mieux compris Les nouveaux alphabétisés peuvent maintenant se défendre lors des transactions commerciales. Elle leur a aussi permis de s’impliquer davantage dans la vie de la communauté et leur a offert l’opportunité d’obtenir des postes à responsabilité dans les institutions locales ou dans les organisations paysannes. Avec un taux de participation de 63 %, les jeunes déscolarisés ont pu rattraper leur retard. De très nombreux bénéficiaires conscients de l’intérêt d’apprendre à lire, écrire et compter souhaiteraient que ces activités se poursuivent à l’avenir.


2. Une évolution positive des revenus


L’un des objectifs du PHBM était de contribuer à la diversification, à l’augmentation et à la sécurisation des revenus des populations du Haut Bassin du Mandrare. L’accent a ét&eac