AD2M - PARECAM
lundi 15 octobre 2012
Par sa portée et le caractère innovant des produits financiers proposés, le réseau des caisses d’épargne et de crédit agricole mutuel (CECAM) de Madagascar est un des pionniers en matière de microfinance rurale à l’échelle du continent africain.
S’appuyant sur les principes directeurs du document de stratégie nationale de microfinance de Madagascar (DSNMF), le réseau des caisses d’épargne et de crédit agricole mutuel (CECAM) a pour principale mission de favoriser l’accès à des services de microfinance, viables et durables, à un maximum de ménages ruraux à faibles ou à moyens revenus et à des microentrepreneurs. Son objectif est d’améliorer, à travers la microfinance, les conditions d’accès des pauvres aux produits financiers (crédit, épargne, assurance), et de contribuer à la réduction de la vulnérabilité et de la pauvreté des ménages et des microentreprises exclus du système bancaire traditionnel.
Environ 75% de la population malgache vit en milieu rural et le secteur agricole concerne plus de 60% de la population active. Le développement agricole et rural est donc un enjeu stratégique majeur sur le plan national, mais il n’est possible que lorsque les agriculteurs peuvent avoir accès à des sources de financement comme celles du CECAM : autogéré et décentralisé, adapté aux besoins des paysans.
Les institutions de microfinance (IMF) sont récentes à Madagascar. En effet, c’est à partir des années 1990 que sont créées les premières IMF grâce à l’intervention de trois entités : les bailleurs de fonds (Banque mondiale, Union européenne, etc.), le Gouvernement, à travers sa politique en faveur de ce secteur, et les agences d’implantation et de développement qui ont assuré l’encadrement technique des IMF. La caisse d’épargne et de crédit agricole mutuels (CECAM) est ainsi apparue en 1993 grâce à l’initiation de caisses villageoises par l’association paysanne FIFATA en 1990, suite à une expérience pilote de crédit rural, lancée dans la région du Vakinankaratra en 1987 par des agriculteurs et des éleveurs et appuyée par FERT. Aujourd’hui, le réseau CECAM est devenu le premier fournisseur de crédits aux agriculteurs. C’est un acteur de premier plan, de par sa taille et sa vocation agricole affirmée. En effet, la CECAM s’étend désormais sur huit régions de Madagascar.
Sur la côte Ouest, dans la région du Menabe, le projet AD2M intervient dans le secteur de la microfinance à travers la proposition d’offres et services adaptés aux besoins des bénéficiaires. Notamment, la caisse CECAM d’Ambatolahy est une des caisses ré-ouverte avec l’appui du projet. La construction du bâtiment de la caisse, les équipements matériels ainsi que la moto ont été financée par l’Union européenne via le programme d’appui à la résilience aux crises alimentaires de Madagascar (PARECAM).
La CECAM est un système financier mutualiste qui fonctionne d’abord avec des ressources internes apportées initialement par les membres sous la forme de capital social garantissant la solvabilité de l’institution et lui permettant d’emprunter des ressources supplémentaires. Divers types de crédits sont proposés par la CECAM à ses membres en réponse aux principaux besoins des ménages ruraux et des organisations paysannes : crédit à la production, crédits pour l’investissement (y compris un produit de location vente), crédit stockage pour les productions agricoles, crédit commercialisation et crédit de dépannage.
Les trois principaux produits les plus utilisés par les membres de la caisse d’Ambatolahy sont le prêt productif (PRO) pour l’augmentation de la production rurale, le crédit d’équipement en matériel ou location vente mutualiste (LVM), destiné à équiper les membres sociétaires par le système de crédit-bail, et le crédit stockage ou grenier commun villageois (GCV).
Le crédit GCV, un produit financier d’excellence
Le crédit GCV est un service financier conçu par la CECAM dans le but d’aider le paysan cultivateur sociétaire à maîtriser le prix de ses produits depuis la récolte jusqu’à la commercialisation. Le principal produit stocké est le riz, aliment de base de l’alimentation malgache.
Ainsi, pour faire face à leurs besoins immédiats de ressources dès la récolte, les paysans riziculteurs ont tendance à vendre leur production à des prix relativement bas et au détriment de leur propre consommation. Cependant, on constate généralement un différentiel de prix assez significatif entre la période de récolte (mai-juin) et la période de soudure (de novembre jusqu’à la prochaine récolte). Les grands collecteurs privés profitent de ce différentiel de prix pour constituer des stocks spéculatifs destinés à être écoulés sur le marché pendant les mois critiques.
Le crédit stockage ou GCV a été créé par la CECAM et mis à disposition des paysans pour contrer cette pratique courante des collecteurs. Il permet de différer la vente des récoltes et d’obtenir de meilleurs prix, tout en mettant à la disposition des paysans les ressources dont ils ont besoin pendant cette période de stockage.
Grâce au crédit GCV, les paysans peuvent ainsi mieux valoriser leur production. En contrepartie de leur stock, chaque paysan-stockeur obtient de la CECAM un crédit équivalent à 75% de la valeur du paddy stocké dans les greniers communs gérés par la Caisse. Pendant la durée du stockage, le stock sert de garantie adossé au crédit jusqu’au remboursement, cinq à dix mois plus tard. Le stockage se fait dans des bâtiments distincts des habitations des paysans. Généralement, plusieurs agriculteurs stockent leurs produits dans un même grenier.
Madame Lanto est une femme de 35 ans et mère d’un enfant, qui a adhéré à la CECAM d’Ambatolahy en Novembre 2010. L’objectif premier de cette adhésion était d’avoir plus de fonds. Elle utilise une combinaison du crédit productif (PRO) et du crédit grenier commun villageois (GCV) pour l’achat de rizières et le stockage de sa production. Avant d’être membre CECAM, Madame Lanto possédait seulement 2 ha de rizière.
En 2011, les crédits contractés d’un montant de 2 000 000 d’Ariary lui permettent, d’une part, de développer ses sources de revenus en achetant 2 hectares de rizière en plus. Et d’autre part, à la récolte du riz, le crédit GCV lui permet de stocker son riz (5 tonnes) durant 4 mois. Elle a pu ainsi tirer le meilleur parti de sa récolte en évitant de la vendre rapidement, lorsque les prix étaient bas.
Son dernier emprunt lui a permis de diversifier ses activités : elle est a pu investir dans l’achat de manioc et devenir une collectrice. De plus, elle a pu acheter un terrain pour la construction d’une future maison.
Elle estime que les crédits CECAM sont extrêmement intéressants. Sans l’accès aux crédits CECAM, le financement et le développement de ses activités auraient été plus difficiles et auraient pris plus de temps. Son projet est d’agrandir sa surface en rizière afin de pouvoir stocker plus et donc d’améliorer ses revenus.
Considéré comme un produit financier d’excellence, le GCV présente beaucoup d’avantages pour l’institution financière et pour les membres bénéficiaires de ce crédit. Deux intérêts lui sont très largement reconnus : le stockage permet une meilleure valorisation de la production de riz et renforce la sécurité alimentaire des ménages. On lui attribue également la capacité à développer des activités économiques. Le GCV est apprécié aussi par des membres qui ont une activité de collecteur de produits agricoles et qui utilisent astucieusement le GCV pour augmenter leur capacité de collecte.
L’impact économique du GCV est aussi fréquemment souligné : la sécurité alimentaire qu’il permet d’assurer s’étend à l’échelle du groupe, du village, voire de l’ensemble d’une zone. Dans les caisses isolées comme celle d’Ambatolahy par exemple, les membres soulignent que le GCV permet également de garder le riz dans la zone, ce qui rassure beaucoup les populations.
La forte croissance déjà enregistrée par les CECAM ces dernières années, ainsi que les caractéristiques et la gamme étendue des produits financiers actuellement proposés, constituent une première indication de la capacité du réseau à fournir une offre en adéquation à la diversité des besoins de la population rurale, y compris les ménages pauvres.
Pour plus de détails, voir l’étude complète, ci-après.
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