PHBM
lundi 10 novembre 2008
Le Moringa oleifera, arbuste originaire d’Inde, suscite un intérêt international grandissant. Ses propriétés et usages sont multiples. Il est appelé « arbre miracle » en Inde où on lui attribue de nombreuses vertus. La médecine traditionnelle indienne, l’ayurveda, assure en effet que les feuilles de Moringa peuvent prévenir 300 maladies. La recherche scientifique appuie cette idée.
Il a effectivement été prouvé que les feuilles de Moringa sont une source incomparable de nutriments essentiels (vitamines A, B, C et E, calcium, potassium, fer, magnésium…). Les feuilles et les jeunes cosses qui renferment également entre 5 et 10 % de protéines peuvent se manger comme légumes ou être utilisées comme fourrage pour les animaux. Les feuilles pilées et séchées se conservent très bien et peuvent servir à confectionner des sauces. Ses graines sont aussi très précieuses. Les amandes écrasées fournissent une excellente huile alimentaire, les tourteaux peuvent servir de combustible et de fertilisant.
La capacité des graines de Moringa à purifier l’eau est une des propriétés les plus anciennement utilisées. Les impuretés présentes dans l’eau floculent au contact d’un mélange de graines pilées et d’eau. L’huile peut permettre de fabriquer des savons artisanaux. Arbre à croissance très rapide et à feuillage persistant, les feuilles peuvent être récoltées un mois seulement après la plantation puis toutes les deux à trois semaines. Le rendement peut atteindre 650 tonnes de matière fraîche par hectare et par an. Des graines peuvent déjà être récoltées 8 mois après la plantation. L’arbre est résistant à la sécheresse, il n’a besoin d’eau que durant les premières semaines de croissance et se contente ensuite de pluies de type sahéliennes.
Ces propriétés le rendent particulièrement adapté à la zone du Haut Bassin de Mandrare. La pluviométrie avoisine en moyenne les 800 à 1000 mm par an à l’exception des années très sèches ou elle est proche de celles connues dans le Sahel. L’un des objectifs du PHBM est de promouvoir un système de productions agricoles et de gestion des ressources naturelles durables. Pour cela, le Projet met en œuvre des actions environnementales comme la promotion des arbres à usages multiples et l’agroforesterie.
C’est dans ce sens que le Projet a introduit le Moringa dans le Haut bassin du Mandrare en 2004. L’idée consistait avant tout à appuyer les initiatives locales protégeant l’environnement tout en améliorant la sécurité alimentaire et les sources de revenus. Le choix du Moringa a donc reposé sur ses vertus médicinales, nutritionnelles et écologiques mais aussi sur une opportunité commerciale intéressante.
Une société d’Amboasary, chef lieu de district situé à 150 km de Tsivory, possède, depuis près de dix ans, 220 Ha de Moringa. Cette société extraie des graines une huile à très forte valeur ajoutée destinée aux industries cosmétique et de l’horlogerie. Un partenariat a alors été développé entre le PHBM et la société qui fournissait initialement les graines. Le Projet a par la suite directement acheté les graines auprès d’agriculteurs de la zone dont la plantation de Moringa était un succès. Le Projet a alors appuyé la production de jeunes plants dans les pépinières locales. Celles-ci sont gérées par des pépiniéristes communaux formés par l’intermédiaire du PHBM. Les jeunes plants sont ensuite donnés aux bénéficiaires de mini-projets de reboisement. A la réception des jeunes plants, les bénéficiaires reçoivent des formations techniques sur la préparation du sol, l’entretien, le suivi à apporter aux peuplements. Le rendement obtenu est de l’ordre de 3 kg de graines par an par pied après deux ou trois ans de plantation. La société d’Amboasary achète les amandes à 900 Ariary le kilo (0,5 USD environ).
De la famille des légumineuses, le Moringa contribue à améliorer la fertilité des sols. De plus, la conduite de la plantation impose un espacement de trois mètres entre les arbustes. Ces caractéristiques permettent ainsi de pratiquer des associations culturales. Des paysans associent déjà le Moringa avec des cultures pluviales (maïs, manioc, patate douce) voire même avec des cultures maraîchères (oignons). Il est aussi conseillé d’associer le Moringa et le piment, autre culture de rente très rémunératrice pour les paysans.
L’introduction du Moringa est une réelle innovation dans le Haut Bassin de Mandrare. De très bons résultats ont été observés dès la campagne 2005/2006. Une vingtaine d’hectares ont été déjà plantés dans la zone du PHBM. Si l’objectif premier de l’introduction du Moringa dans la zone est l’augmentation des revenus des paysans par la vente des graines, les agents de la cellule Environnement n’ont néanmoins pas oublié de sensibiliser les bénéficiaires à la richesse nutritionnelle de cet arbuste. Des formations ont aussi été dispensées pour apprendre aux populations à utiliser les graines pour purifier l’eau. Le médecin de l’ASOS, ONG partenaire chargée de la mise en œuvre du volet de santé communautaire au PHBM, a aussi reçu une formation au Kenya sur ses vertus médicinales. La cellule Environnement a travaillé avec des élèves d’écoles primaires pour leur faire découvrir les principales vertus de la plante. Ils ont aussi planté du Moringa sur de petites parcelles. La cellule Environnement va maintenant travailler sur l’organisation des producteurs pour la commercialisation des graines. De plus, les agents techniques vont dispenser des formations sur la fabrication de savons artisanaux et prévoient de réaliser des séances de démonstrations culinaires chez les paysans en partenariat avec l’Office Régional de la Nutrition (ORN) de la Région Anosy. Enfin, les superficies vont encore être augmentées d’ici à la fin du Projet.
Le Moringa est déjà très connu dans de nombreux pays d’Afrique où les populations l’utilisent pour lutter contre la malnutrition infantile ou pour la purification biologique de l’eau. L’intérêt économique des graines et l’intérêt nutritionnel des feuilles sont encore méconnus à Madagascar.
Les agents du PHBM qui ont récemment participé à la Foire Internationale de l’Economie Rurale de Madagascar (FIER MADA) à Antananarivo y ont présenté des graines. Elles ont suscité un réel intérêt de la part d’opérateurs. Des volontaires de la coopération japonaise à Madagascar envisagent de faire un essai de multiplication dans la région de Bongolava, au Centre de Multiplication des Semences à Sakay notamment. Des étudiants chercheurs commencent à s’intéresser à ses multiples propriétés. L’Office National de la Nutrition (ONN) basé à Antananarivo a fait part au PBHM de sa volonté d’acheter des graines dans la zone. Il est à espérer que l’expérience du PHBM contribuera à diffuser le Moringa dans le reste de la Grande Ile.
Sylvie Le Guével - octobre 2007
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