PPRR
mercredi 21 novembre 2012
Suite à la recommandation de la mission de supervision du Fonds international de développement agricole (FIDA) datant du mois d’avril 2012, une équipe terrain a réalisé un diagnostic économique et social portant sur les 14 centres d’accès au marché (CAM), de mai à juillet 2012. Le but de cette mission était de comprendre l’état actuel des CAM afin d’élaborer des stratégies d’appui aux fédérations et de réfléchir aux différentes perspectives. Ce document pourra également servir de référence au consultant qui évaluera l’état des CAM en 2013.
L’étude qui suit (voir le document complet en bas de page) a permis de dégager les problèmes socioculturels, économiques ou organisationnels spécifiques pour chaque CAM. Il convient, pour la prise de décision sur l’avenir des CAM, de ne pas uniquement s’en remettre aux résultats financiers (bénéfices ou pertes) ou au classement général des CAM. Certains CAM classés en tête de liste ne sont plus actives ou sont peu dynamiques, alors que d’autres CAM aux résultats négatifs (à cause de dommages antérieurs) ont des membres mobilisés et motivés à redresser la situation.
Composante sociale
Initialement, les OP ont été structurées sur la base de motivations faussées. La campagne de sensibilisation portait sur les gains à court terme comme les subventions, le partage de bénéfices ou la participation à des microprojets. Certaines OP ont signé des accords de don et ouvert un compte à l’OTIV sans jamais percevoir la somme promise. De même, très peu de CAM ont pu distribuer les bénéfices escomptés.
Plusieurs producteurs membres des OP des CAM ne connaissaient pas le fonctionnement de la structure, ni l’avantage de vendre au CAM plutôt qu’aux collecteurs (coût de pesage, infidélité des collecteurs, achat à crédit), alors que les sensibilisations auraient dû majoritairement porter sur ces points. Ce constat explique en partie la raison pour laquelle sur de nombreux pôles plus de non-membres que de membres vendent aux CAM.
Les membres du CA ainsi que les producteurs membres de la coopérative de la quasi-totalité des CAM de la région Analanjorifo sont confus sur le rôle de la fédération dans l’appui au CAM. L’objectif est-il d’appuyer l’activité des CAM, ou de trouver de nouveaux débouchés commerciaux ne transitant pas par le CAM ? Cette confusion est d’autant plus marquée qu’il existe une incompréhension et un manque d’échange entre les ATC (Assistant technique en commercialisation pour le CAM) et les fédérations, alors que tous deux travaillent pour atteindre les mêmes objectifs.
Lors de l’élagage et du renouvellement des membres du CA, beaucoup d’ancien membres ont été réélus dans les nouveaux CA. La raison principale est la faible mobilisation des OP lors de l’AG pour les dernières élections. Dans certains CAM seuls sept membres s’étaient mobilisées pour la dernière AG.
Composante commerciale
Les détournements sont fréquents dans la quasi-totalité des CAM et se présentent sous plusieurs formes : détournements de produits, détournements de fonds, accaparement du matériel et amplification des charges. Les membres des CA ont déposé des plaintes aux différents responsables, très souvent sans obtenir de suites. Les producteurs se sont sentis lésés et ont perdu confiance dans le PPRR, malgré les changements de personnel effectués au niveau des CAM. En plus de l’impact économique au niveau des CAM (déficitaires alors qu’ils auraient pu dégager des bénéfices), l’impact social est d’autant plus marqué chez les producteurs. Le détournement et la non poursuite des ces actes ont conduit à une démotivation et un désengagement complet pour le CAM.
La non poursuite des détournements a engendré un « effet domino » sur tous les acteurs. Les gérants qui se sont succédé ont détourné, puis à leur tour les membres du CA. L’équipe de terrain a été surprise de constater le nombre élevé de membres appartenant aux CA et ayant des créances non remboursées.
Les détournements sont d’autant plus faciles que les flux de liquidité dans le modèle du CAM sont élevés. L’organisation du regroupement de paddy à Iazafo Sud présente l’avantage de supprimer les flux d’argents d’une personne à l’autre, donc indirectement de renforcer la confiance des producteurs dans le système. Dans ce modèle, les producteurs déposent le paddy au GCV et informent le CA et l’ATC de la quantité stockée. Ces derniers écrivent une lettre à l’OTIV en mentionnant les quantités par producteurs et ceux-ci se rendent directement à l’OTIV pour récupérer leur argent. L’OTIV retire systématiquement 10 Ar/kg pour le compte du CAM.
Le CAM présente une faible réactivité face au marché alors que les collecteurs prennent des décisions rapides.
1. Pour changer le prix d’un produit, la procédure prévoit que tous les membres du CA se réunissent (dans certains pôles il faut attendre deux semaines) et trouvent un accord sur le prix avec l’ATC.
2. Les transactions commerciales ont lieu sur marché local (lieu de passage des collecteurs), alors que les membres du CAM ne se mobilisent pas à cet endroit.
3. Les fonds du CAM sont débloqués après le passage des collecteurs (les ATC devraient anticiper les demandes de crédit à l’OTIV ainsi que la longueur des procédures), chaque année les mêmes erreurs sont répétées.
À la clôture du PPRR, encore trop de CAM sont dépendants des ATC pour la recherche et la négociation avec les opérateurs commerciaux. Certains membres des CA n’ont jamais accompagné les ATC dans les rencontres commerciales et ne sont pas capable de négocier avec un opérateur.
Lors du présent diagnostic, trois CAM ont attiré l’attention de l’équipe terrain.
1. Le CAM d’Ivondro, qui produit principalement du manioc, n’a trouvé aucun opérateur commercial fiable pour cette culture. Pour atteindre ses objectifs, le CAM a mis en place des points de collecte situés très loin du CAM (et plus proche d’autres pôles) pour acheter du paddy et du maïs. Ces points engagent des charges de transport très élevées pour un suivi occasionnel et les membres du CA sont incapables de gérer des points de collectes aussi loin. De même, ce CAM étant situé proche de Tamatave, les producteurs ont l’habitude de se déplacer jusqu’à la ville pour vendre leurs produits.
2. Le CAM de Vohilengo est dirigé par un noyau désintéressé de petits producteurs et miné par la convoitise des bâtiments et équipements (le PCA a pris contre l’avis de l’ATC le groupe électrogène du CAM). L’ATC subit des menaces constantes sur le devenir de la propriété du CAM. L’ex-maire dépose ses déchets à l’arrière du CAM pour « marquer son territoire ». Les producteurs sont complètement écartés du système du CAM au profit d’un noyau qui convoite les bâtiments.
3. Le CAM de Sonierana n’a plus d’activité depuis le début de l’année 2012. Les membres du CA sont peu dynamiques et peu motivés pour le redressement du CAM. Le PCA actuel est « déconnecté » des problèmes antérieurs du CAM et propose son propre fonctionnement, non accepté par les autres membres.
Les partenariats commerciaux – les opérateurs
Le modèle du CAM reposait initialement sur la relation gagnant-gagnant entre les producteurs et les opérateurs commerciaux. Cette relation aurait dû se concrétiser par des contrats officiels et des prix concurrentiels. La coopérative Fanohana a des contrats sérieux sur le prix, la quantité et la qualité à livrer. Les producteurs trouvent un intérêt dans cette coopérative car ils vendent leurs produits à un meilleur prix et le bénéfice leur revient directement. Les opérateurs sont satisfaits à leur tour car ils obtiennent la quantité et la qualité exigées.
Quasiment tous les CAM ont été incapables de concurrencer les prix des collecteurs ou des boutiquiers à cause de l’absence d’un contrat sérieux avec les acheteurs. Certains CAM ont acheté à un prix élevé les produits et au moment de la livraison, l’OC leur a refusé le produit alors que les charges de transport avaient déjà été engagées. Les CAM se sont retrouvés à vendre leur produit à un autre OC qui achète à prix plus bas et ne couvre pas les frais de transport.
Outre les ventes à perte, il arrive également que les producteurs mettent de côté leurs produits pour le CAM avec la qualité exigée, mais qu’au dernier moment l’OC annule la commande. Les producteurs doivent donc vendre leurs produits individuellement à des prix plus bas car les campagnes ont déjà commencé.
La faible cohésion (il s’agit davantage d’une concurrence) entre les OC et le CAM influe directement sur l’essence du modèle qui reposait sur un lien fort interdépendant de ces deux structures. Les producteurs sont directement touchés par les défaillances de ces contrats commerciaux et ne trouvent pas de bénéfices à vendre au CAM plutôt qu’aux collecteurs.
Lors du partage des stratégies du CA pour 2012, un nombre important d’OP souhaitait poursuivre leurs activités sans secrétaire comptable et gérant. Certaines OP cotisent, regroupent leurs produits, vendent directement à un opérateur commercial et distribuent l’argent aux membres. Ce genre d’organisation, appuyée par le PPRR, nécessite une structuration plus affirmée (Qui tient les comptes ? Comment sont contactés les opérateurs commerciaux ? Qui organise les collectes ?). Il est également urgent de définir la part revenant aux CAM dans ce type de regroupement.
Pour plus de détails, voir l’étude complète ci-après.
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