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PHBM

La mutuelle du Mandrare, des crédits adaptés aux besoins

lundi 15 décembre 2008

Pour la monétarisation de l’économie du Haut Mandrare, le PHBM a mis sur pied la Mutuelle Fivoy. Plusieurs types de crédits ont été créés pour répondre aux besoins de la population locale. Le succès de cette banque des paysans est avéré.


"Rebeno gagnait de l’argent, mais il ne savait pas comment le gérer. Il le gardait alors à l’ancienne, sous son matelas. Petit à petit, il avait amassé jusqu’à 300 000 Ariary. Finalement, les billets se sont dégradés sur place et sont devenus inutilisables". C’est une expérience courante avant l’implantation du PHBM dans la région du Mandrare comme nous le révèle Mara, un consultant auprès de la Mutuelle FIVOY (Fitehirizana Vola Ifampisamborana), créée en 2007. Depuis l’arrivée du PHBM, le comportement de la population envers l’argent a changé. Même chose pour la gestion du cheptel, longtemps considéré comme les signes suprêmes de la richesse : on vend de pus en plus les zébus afin d’éviter les voleurs de zébus.

C’est ainsi que Pierre Andriambelo, de la commune rurale d’Ebelo, à 62km de Tsivory, a vendu la moitié de son troupeau de zébus pour déposer son argent dans un compte épargne du Fivoy. "Maintenant, je peux dormir tranquille car mon argent est en toute sécurité", dit-il, rassuré. L’institution Fivoy a ainsi été créée avec l’appui de l’International de Crédit Rural (ICAR). Elle est née à la suite du constat qu’aucune institution financière ne répond concrètement aux besoins de financement des paysans. Les habitants jouissent maintenant d’un service de proximité, puisque "la banque la plus proche se trouve à Tolagnaro et ne propose pas de prestations adéquates aux attentes des paysans", évoque Mamihery Ravelojaona, chargé de la commercialisation au sein du PHBM. 

En 2003, des caisses ont été installées dans 9 communes sur les 11 de la région. Puis en 2004, ces caisses se sont constituées en une confédération pour former le Fivoy qui est l’actuelle Mutuelle de finance rurale.

Bouleversement du mode de vie

L’implantation de cette mutuelle est une révolution dans le quotidien des habitants du HBM. Tsizafy, habitant de la commune rurale de Tranomaro, à 96km de Tsivory, raconte : « Le troc était pour nous une pratique courante. Le manioc comme la chèvre faisaient office de monnaie. La notion d’argent n’est venue que petit à petit avec l’installation du PHBM ». Actuellement, la monétarisation est inévitable et renforcée car les valeurs des marchandises sont désormais quantifiables.

"La Mutuelle peut accorder des crédits même aux petits commerçants", remarque Mananohatsy, maire de la commune rurale d’Ebelo. En effet, elle propose des crédits sans caution à des collectifs de commerçants, ce qui est un élément non négligeable de son niveau d’engagement dans l’amélioration du niveau de vie des populations les plus vulnérables. Cette institution de microcrédit a progressivement changé le mode de vie des habitants. Les signes extérieurs de richesse passent des gros cheptels à des choses plus individuelles comme des maisons en dur, des mobiliers solides ou des matériels électroménagers, des vélos…Jacques Nicolas Razafimandimby se montre ainsi très fier de recevoir ses visiteurs dans son salon. "Les habitants pensent de plus en plus à leur confort matériel", commente le coordinateur du Fivoy.

En plus des membres qui possèdent un compte d’épargne, la Mutuelle propose ainsi plusieurs types de crédits comme le grenier communautaire villageois qui permet aux paysans d’obtenir un crédit auprès du Fivoy en proportion du riz qu’il a déposé. Il y a par ailleurs le crédit productif agricole pour financer les projets de production ; la location-vente mutualiste pour l’achat graduel de divers matériels ; le crédit de dépannage pour les situations d’urgence.

Un franc succès

Les locaux du Fivoy figurent désormais parmi les bureaux les plus fréquentés de la région. Les différentes formes de crédits proposés procurent une réelle satisfaction aux bénéficiaires. Les chiffres en témoignent puisqu’en Mars 2004, les caisses ont totalisé plus de 1600 membres dont près de 300 femmes, 68 organisations paysannes et 34 associations de crédit à caution solidaire. Ce qui encourage les producteurs à venir au Fivoy, c’est son caractère communautaire, puisque leurs interlocuteurs directs sont des personnes de leur connaissance. En effet, "Le conseil d’administration est élu parmi les 5000 membres de la mutuelle", explique Georges, lui-même vice-président du conseil d’administration.

Pour donner une plus grande envergure au Fivoy et en vue de sa pérennisation, la Mutuelle du Mandrare compte s’associer à une organisation plus solide. L’affilier à l’institution financière régionale de l’Anosy (IFRA) est la prochaine étape à franchir. Pour ce faire, le PHBM prévoit de débloquer 60 millions d’Ariary comme participation du Fivoy à la capitalisation de cette institution.

Herimalala Ratsimbazafy