PHBM
lundi 15 décembre 2008
Dans la zone d’intervention du PHBM, près de 3800 associations d’usagers de l’eau (AUE) ont été mises en place. Leur principale vocation : assurer la gestion et l’entretien des infrastructures des 72 périmètres irrigués existants. Celle de Betahontsako, situé à 70 kilomètres de Tsivory, est l’une des mieux structurées grâce à l’implication des membres et une bonne organisation.
La discussion s’anime entre les membres de l’AUE de Betahontsako, laquelle gère actuellement des canaux d’irrigation qui arrosent 120ha de rizière. Il est question d’engager près de 5 millions d’Ariary de la trésorerie de l’AUE sur 3 ans pour élargir la prise de plus de 4000 mètres des 3 canaux secondaires du périmètre irrigué. Une initiative qui va impliquer chacun des 176 membres propriétaires des rizières irriguées. Les AUE sont les structures de base des agriculteurs bénéficiaires des infrastructures d’un périmètre irrigué. A ce titre, leurs membres sont les premiers responsables de ces infrastructures, que ce soit dans l’entretien des equipements, dans la répartition de l’eau elle-même.
Dans cette logique, le transfert de gérance demeure la méthode appropriée du projet visant à procurer les meilleures conditions de l’appropriation de ce réseau hydraulique par ses bénéficiaires. « Pour assurer l’avenir des infrastructures d’irrigation, le transfert de gérance est inévitable, explique Isetramaherizo Ravoavy Ramiakatravo, le Directeur Adjoint du PHBM. Les bénéficiaires sont formés dès le premier jour de réception des matériels afin qu’ils les gèrent eux-mêmes ». Ce processus de transfert de gérance comprend des formations sur divers sujets. Notamment, les méthodes de mise en place des AUE elles-mêmes, le vote des dirigeants et la mise en place des règlements intérieurs de l’AUE qui vont régir toute la communauté des bénéficiaires.
Une réussite qui dure
L’AUE de Betahontsako existe depuis 2003 et a été exemplaire dans sa gestion des infrastructures microhydraulique. Très actifs, ses membres ont concouru à hauteur de 21% dans la construction et l’aménagement des canaux du périmètre irrigué. En participant directement aux travaux, en apportant de gravillons et du sable… Actuellement, l’association est la principale responsable des infrastructures et elle s’en sort très bien grâce à des principes de base stricts : une cotisation annuelle obligatoire, un bureau élu démocratiquement, des sanctions pécuniaires, un contrôle rigoureux par les gardiens de l’eau. Cette discipline fait émerger régulièrement des discussions très animées au niveau de l’association pendant les heures de réunions. Ces méthodes ont été adoptées dès la création de l’association. Les membres ont la sensation que le transfert de gérance n’ont rien changé dans leurs habitudes. « Le transfert s’est fait tout seul, précise Maka Fihengena, le Président de l’AUE, car nous étions déjà prêts ». Chaque membre a trouvé un avantage dans l’existence du périmètre irrigué. Avec la maîtrise de l’eau, la production annuelle de paddy a doublé, comme pour Relanjaha, conseiller dans le bureau de l’AUE, qui a vu l’hectare de rizière produire 10 charrettes de paddy au lieu de 6 avant le périmètre irrigué.
Des efforts concertés
Mais ne réussit pas le transfert de gérance qui le veut. Les petites communautés des usagers de l’eau rencontrent souvent des obstacles et les moins ambitieuses s’effritent au fil des années. Nombreux sont les périmètres irrigués qui ont bénéficié d’un réaménagement, mais seule une bonne gestion des matériels garantit en premier la pérennité des bons rendements. Selon Totofeno Toris, l’animateur en microhydraulique de la commune d’Ebelo, « les exploits de l’AUE de Betahontsako s’expliquent par la forte implication de ses membres qui s’imposent une discipline rigoureuse, mais aussi la conscience issue des gros avantages tirés des infrastructures. Même le fait qu’ils organisent des réunions sans les techniciens du projet a été un grand pas ».
Cette forte conscience des avantages encourage ainsi cette petite communauté à bien entretenir les réseaux hydrauliques au vu de leur aspect vital. « Si nous n’entretenions pas les canaux, reconnaît Maka Fihengena, c’est comme si nous refusions de manger. Ce sont ces structures qui assurent nos pains quotidiens ! » Et le PHBM n’apprécie pas moins le résultat de ses efforts et de ses actions : grâce à l’aménagement des périmètres irrigués et la réussite du transfert de gérance vers les AUE, l’objectif des 5400 ha de terres irriguées est en passe d’être atteint à la fin de la deuxième phase du PHBM. L’AUE de Betahontsako, pour sa part, est loin de s’arrêter là, comme l’avoue son Président, « rien ne remplace les structures de l’AUE pour entretenir les canaux, même si les 176 membres devait chacun payer avec un bœuf. »
Henintsoa Randriamampianina
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