PROSPERER
jeudi 27 novembre 2008
Si la région Itasy connaît un bon potentiel concernant la production agricole de manière générale, la culture légumière n’est que très peu développée par rapport aux cultures traditionnelles du régime alimentaire malgache, à savoir le riz, le maïs et le manioc. C’est donc précisément cette filière que le Programme de soutien aux pôles de micro-entreprises rurales et aux économies régionales (PROSPERER), un programme de développement du nord de Madagascar, financé par le Fonds international de développement agricole (FIDA) a décidé d’appuyer, notamment par des actions sur les deux sous-filières pomme de terre et haricot.
« La filière légumière, dans son ensemble, a un très bon potentiel, explique Benoît Thierry, chargé du programme de Madagascar au FIDA, parce qu’elle permet véritablement de dégager une valeur ajoutée intéressante. D’autre part, selon les districts concernés de la région, les cycles culturaux peuvent s’étaler soit sur toute l’année, soit en période de contre-saison, c’est-à-dire lorsque les prix sur les marchés sont les plus intéressants pour les producteurs. » Ainsi, le district-pilote pour la sous-filière pomme de terre concerne Arivonimamo, alors que Soavinandriana se concentrera sur la sous-filière haricot. Les districts-pilotes ont été déterminés non pas en fonction du rendement observé, mais des capacités d’extension des superficies et du caractère extensif des productions.
Un choix rationnel
A priori, le choix du projet de s’intéresser aux pommes de terre et aux haricots peut sembler étonnant puisque le tomate, déjà cultivée aux environs de la commune d’Imerintsiatosika, dans le district d’Arivonimamo, dégage un revenu au producteur deux fois plus élevé que celui de la pomme de terre et huit fois plus élevé que celui du haricot. Mais à partir des analyses plus approfondies dans trois communes-type sur ces productions (en prenant le cas d’Imerintsiatosika pour la tomate, d’Andranomiely pour la pomme de terre et d’Ankaranana pour le haricot), l’établissement des comptes d’exploitation a fait apparaître que la tomate résultait beaucoup moins rentable que le haricot. En effet, le temps consacré à sa culture et les soins nécessaires pour s’affranchir des contraintes cryptogamiques y sont beaucoup plus importants. Les marges nettes dégagées par la pomme de terre et le haricot sont positives, contrairement à la tomate et le seuil de rentabilité est inférieur au prix minimal de vente pour le haricot. Toutes ces considérations permettent de comprendre pourquoi le programme PROSPERER s’est appuyé sur ces deux sous-filières.
Sur la région Itasy et pour les filières agricoles, l’objectif du programme est d’optimiser le circuit aval des productions, notamment la distribution et la commercialisation. Ainsi, le programme a mis l’accent sur cinq points qui pourraient favoriser l’émergence ou le développement des transactions commerciales, à savoir : la qualité de production, les techniques de transformation, la gestion des stocks, la reconnaissance du travail et la communication entre les acteurs et auprès des consommateurs. En ce qui concerne la diversification des productions agricoles, le programme a adopté un approche basé sur la demande et la priorité des producteurs. La qualité de production passe nécessairement par la mise en application des normes relatives aux délais avant récolte, mais aussi la non-infection des productions, le respect des différents calibrages, la durée de conservation la plus longue possible et les normes inhérentes au conditionnement. Pour cela, on peut travailler au stade de la production directement, notamment par l’utilisation de semences améliorées offrant un meilleur rendement ou une meilleure adaptation à l’environnement, mais aussi par l’optimisation des itinéraires culturaux, notamment via l’utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires. Dans tous les cas, l’adoption de la démarche normative auprès des producteurs est corrélée à l’adoption de celle-ci par les consommateurs. Ainsi, la communication sur les avantages ou inconvénients du respect des normes de production devra être bivalente afin de recevoir l’adoption de tous les acteurs.
Concernant les techniques de transformation, celles-ci peuvent être appliquée soit à l’échelle artisanale ou semi-industrielle, soit à l’échelle industrielle. Cependant, dans ce dernier cas, il semble plus judicieux de promouvoir, ne serait-ce que dans un premier temps, un partenariat effectif avec un centre de transformation agroalimentaire, les coûts d’investissement initiaux étant trop lourds à porter pour des MER, même en croissance. Ces techniques de transformation pourraient initialement toucher le conditionnement, étape primordiale dans l’acceptation du produit de la part des consommateurs. Pour ce faire, des infrastructures appropriées de conditionnement et de stockage sont nécessaires, ainsi que l’accès à l’eau potable et l’électricité.
La gestion des stocks intervient directement en réponse à la préoccupation actuelle des producteurs. En effet, elle a comme double avantage une meilleure uniformisation des prix et,permet aux producteurs de revendre leurs productions au moment qu’ils jugent le plus opportun. Par ailleurs, la gestion des stocks est sert de soupape de sécurité en période de soudure, où les producteurs peuvent avoir un accès plus rapide et plus efficace aux productions, sur une période plus étendue.
Un autre facteur important à prendre en compte concerne la reconnaissance du travail des membres de la famille et plus particulièrement celui des femmes. En effet, la main d’oeuvre familiale n’est pas rémunérée dans la pratique. Cependant, les modèles élaborés pour étudier la rentabilité des productions de pomme de terre et de haricots permettent d’identifier un potentiel de rémunération sans mettre en danger les bénéfices dégagés par l’exploitation. De la même façon, les femmes sont actives dans la majorité des activités productives, notamment dans les ménages les plus vulnérables, et doivent être appuyées dans le développement de leurs activités.
Investir dans le marketing
Enfin, le volet communication entre les acteurs semble évident. Et pourtant, il n’existe une plate-forme faîtière que pour le haricot qui, bien que physiquement présente, n’est que peu utilisée. Il paraît donc également important pour PROSPERER de continuer à appuyer la mise en place d’un système de communication fiable, à travers la mise en place de plate-formes faîtières où sont représentés tous les acteurs de la filière, et ce afin de développer les échanges de savoir-faire, d’informations, mais aussi afin de permettre à tous les acteurs de développer une « saine concurrence », c’est-à-dire un accès en temps réel aux informations commerciales.
Les mécanismes de fonctionnement du secteur privé, dans une optique de partenariat avec PROSPERER, comporte également quelques défis. Ainsi, la présence d’un centre agro-industriel dans la région axé sur l’export de haricots verts a permis de déterminer plusieurs points à prendre en compte dans l’élaboration ultérieure de partenariats, ou même de perceptions de la part des principaux bénéficiaires. Le partenariat doit véritablement être considéré dans une réciprocité d’intérêt (à la fois pour l’entreprise et pour les producteurs) et les partenaires se doivent d’établir une communication efficace pour assurer un échange franc de connaissances et d’expectatives . La difficulté d’un partenariat entre PROSPERER et le secteur privé va résider dans la distinction effective de deux identités propres, et dans la conservation des autonomies d’actions.
Anne-Sixtine VIALLE-GUERIN - Septembre 2008
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