PPRR
jeudi 27 novembre 2008
Malgré les importantes fluctuations du prix de l’énergie des 12 derniers mois, la crise énergétique mondiale n’a pas fini de faire réfléchir chercheurs, spéculateurs... et spécialistes du développement. Alors que les sources d’énergie traditionnelles s’épuisent – comme dans le cas du pétrole – les sources d’énergie alternative, tel le biocarburant sont loin de faire l’unanimité, en particulier lorsqu’il s’agit de remplacer la production de denrées alimentaires par des plants destinés à la création d’énergie.
On peut citer l’exemple du maïs, du soja, du tournesol, du colza, de la betterave et du palmier à huile, qui produisent des biocarburants, mais également le pignon d’inde ou pourghère (Jatropha curcas, Euphorbiaceae), dont les graines sont capables de fournir près de 2000 litres d’huile à l’hectare.
Et pourquoi pas le bambou ?
Le bambou pousse pratiquement partout
Le bambou est une monocotylédone appartenant à la famille des Poaceae. Il ne fournit pas de biocarburant mais peut être une source d’énergie qui remplace le charbon, se renouvelle facilement et peut freiner l’utilisation abusive des autres types de bois. Il est naturellement présent sur tous les continents à l’exception de l’Europe et de l’Antarctique, et abonde dans les pays tropicaux. Madagascar regorge de nombreuses espèces endémiques et possède six genres et une vingtaine d’espèces de bambou. A l’heure actuelle, l’utilisation du bambou est encore traditionnelle mais il existe néanmoins quelques entreprises qui procèdent à sa transformation.
Les malgaches de l’est de l’Île, grâce à l’importante influence asiatique dont ils ont bénéficié, sont les plus expérimentés dans la transformation du bambou. Dans la région est de Madagascar, à Tamatave et plus précisément dans la zone rurale de Analanjirofo, le bambou pousse naturellement. Les populations locales le valorisent dans plusieurs domaines comme la construction, la menuiserie, l’agriculture, l’élevage et l’artisanat.
La valorisation traditionnelle est plutôt basique et ne s’intéresse ou ne s’aventure pas dans les domaines des sources d’énergies renouvelables. En revanche, les mini-industriels oeuvrant dans le domaine de la gestion des résidus investissent dans la fabrication de briques de bambou. Ces briques sont obtenues après séchage et compactage des résidus et sont commercialisées au prix de 300 Ariary, soit 0.17 dollar, le kilo. On reconnaît par ailleurs un meilleur pouvoir calorifique à ces dernières par rapport au charbon, aussi permettent-elles de réduire le gaspillage énergétique observé lors de l’utilisation du charbon.
L’équipement n’est toutefois pas adapté à la transformation artisanale du bambou : le processus endommage souvent marmites et ustensils de cuisine. Il conviendrait d’approfondir davantage les recherches sur le pouvoir calorifique du bambou pour développer des systèmes de fours mieux adaptés.
Si le Programme de promotion des revenus ruraux (PPRR), un programme de développement rural financé par le Fonds international de développement agricole, le Fonds de l’OPEP et le Gouvernement de Madagascar, s’intéresse au bambou, ce n’est pas tant pour développer la fabrication des briques que pour favoriser des activités génératrices de revenus au sein des groupements et associations paysannes de l’est de Madagascar. En effet, les résidus de la transformation du bambou peuvent être utilisés dans l’artisanat et d’autres activités.
Ainsi, la valorisation des résidus de bambou des entreprises ou la vente de tiges entières ou découpées sont autant de sources de revenus que le PPRR encourage auprès des agriculteurs de la région.
L’avantage du bambou réside dans sa vitesse de renouvellement et de multiplication naturelle, ainsi que dans sa facilité d’entretien. La plante pousse en effet naturellement et ne nécessite pratiquement aucune intervention. Cependant, bien que le climat et la pluviométrie à Tamatave soient favorables à son développement, une utilisation accrue de la ressource pourrait lui être fatale. Il convient dont de réglementer la coupe et l’exploitation et de sensibiliser la population locale à une gestion durable des plantations. Car si elle est bien gérée, cette filière permettrait de résoudre aussi bien les problèmes environnementaux qu’économiques de la région.
Capo-Chichi Marlène - Octobre 2008
Conception : | ||
Contact : contact@capfida.mg | Copyright CAPFIDA 2011 |