PHBM
lundi 15 décembre 2008
Depuis l’avènement du grenier communautaire villageois (GCV) dans le Haut Bassin du Mandrare, les conditions d’épargne des produits agricoles se sont considérablement améliorées : pour un taux d’intérêt minime, les agriculteurs ont l’assurance de faire affaire avec une structure simple et honnête.
Profit, riziculteur, vient de déstocker cinq sacs de paddy du grenier communautaire du village d’Amboangy. Il fait cette opération au début du mois d’octobre, période à laquelle le riz commence à se faire rare. Ce riziculteur est fier « d’avoir encore ces cinq sacs qui, à une certaine époque, auraient déjà été bradés ». Et il n’est pas le seul dans le village qui sort son stock de riz au début de la saison rizicole. En tout et pour le tout, Amboangy a eu en stock près de 3100 tonnes de paddy emmagasinés pour la saison 2005-2006. Bref, autant de paddy qui va être vendu pendant la saison la plus difficile de l’année à un prix très avantageux pour les producteurs.
Le GCV est un des produits phare du Fivoy
Les paysans suivent minutieusement le processus : au moment de déposer le stock de riz dans le grenier communautaire, la Mutuelle Fivoy fournit au propriétaire l’équivalent de 75% de la valeur de ce stock. Cette somme sera généralement investie dans les cultures de contre-saison et sera remboursée au moment du déstockage, durant lequel le riz est généralement vendu à un prix fort. Le producteur réalise de cette façon un profit en stockant ses avoirs et en doublant la production avec des investissements supplémentaires.
Le GCV est un des produits phare du Fivoy. La Mutuelle du Mandrare et les employés de Fivoy ne manquent pas de prodiguer des conseils à la survie de la population de la région. Monja Raveloson, lui-même agriculteur et président du Conseil d’administration de la Mutuelle Fivoy, éclaire les esprits : « Nous ne confisquons pas les avoirs des producteurs : avec la somme empruntée, ils ont en main de quoi investir, tout en étant sûr de pouvoir récupérer leur stock quand ils le veulent ».
Le mécanisme a été compris et plusieurs producteurs ont été convaincus du résultat. Si auparavant, ils étaient obligés de passer difficilement la période de soudure, maintenant ils ont entre leurs mains une double production : les produits de la contre-saison et le volume du stock du grenier communautaire. En plus, les producteurs ne s’inquiètent plus des voleurs : la sécurité du GCV est entièrement pris en charge par la Mutuelle, elle-même assurée correctement. Car « il ne suffit pas d’épargner sa production chez soi, reconnaît Profit, en assurer le gardiennage est une autre paire de manches. » Bref, ces agriculteurs ont désormais l’assurance d’avoir un stock disponible et de pouvoir le récupérer à tout moment.
Du riz à profusion pour des revenus meilleurs
« Le GCV est incontestablement un des éléments qui ont permis de monétariser l’économie de la région », explique Georges Rabemoramanana, vice-PCA de Fivoy. Il a été mis en place après les saisons successives de perte encourue par les producteurs. Ces derniers vendent à perte leurs produits à des collecteurs pendant la saison des récoltes. Son efficacité a pris de l’ampleur, surtout avec le suivi précis du dossier de chaque membre et depuis que la mutuelle a embauché des membres de la communauté elle-même. Au-delà de l’assurance contre la disette à la saison de culture, le GCV a permis de développer la spéculation. A Amboangy, le prix du riz double généralement en cinq mois, « depuis que nous avons le GCV, explique Profit, nous avons compris que nous pouvions tourner les fluctuations du prix du riz à notre avantage. »
Les retombées positives des GCV ne se font pas attendre. Un autre avantage qui n’est pas des moindres : le recul progressif de l’usure. « Le fait d’avoir en main une somme d’argent disponible tout au long de l’année a fait reculer les usuriers qui nous prêtaient à 50% d’intérêt ! » revèle Monique Ravaositera, comité de contrôle du GCV de Tranomaro, Autant dire que le GCV a porté ses fruits au-delà même de sa vocation première qui était de régir le prix de la production rizicole. Et même au-delà des frontières du Mandrare : la réussite du Fivoy a servi d’exemple aux nouvelles structures de micro-finance de la Région d’Anosy, l’IFRA (Institution Financière Régionale d’Anosy), bâtie à partir des mêmes constatations de pertes répétitives encourues par les producteurs face aux collecteurs.
Henintsoa Randriamampianina
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