PPRR
jeudi 3 décembre 2009
L’esprit novateur et la curiosité de M. Pierre Bezoky, un agriculteur Malgache de la région d’Analanjirofo, ne datent pas d’hier, mais les résultats de ses expérimentations n’ont pas toujours été concluants. Alors que son idée d’introduire des cultures maraîchères semblait ne pas vouloir porter fruit, l’appui technique du Programme de Promotion des Revenus Ruraux (PPRR) lui a permis de résoudre ses problèmes de production et augmenter ses revenus.
Présentation
M. Pierre Bezoky, agriculteur Betsimisaraka de la commune d’Ampasimbe de la région d’Analanjirofo, tente depuis longtemps de diversifier sa production agricole. Son exploitation est organisée comme toutes les autres dans la région : il produit des cultures de rente, comme le litchi, et des cultures vivrières, comme le riz et le manioc, et possède des zébus. Mais c’est lorsqu’il a commencé à planter et à produire de l’Anana Ramirebaka, une variété locale de choux, que son exploitation s’est démarquée des autres. Initialement, sa production de Ramirebaka était destinée à l’autoconsommation et à la vente sur le marché local.
« J’ai obtenu les semences moi-même pour planter le Ramirebaka dans mon champs, explique Pierre Bezoky, mais faute de moyens et de connaissances techniques, les rendements étaient faibles et je ne pouvais pas étendre ma production ».
À l’arrivée du Programme de Promotion des Revenus Ruraux (PPRR) dans le pôle Manantsatrana, M. Bezoky se trouvait dans l’impasse. Après voir assisté à une réunion organisée par les techniciens du programme chargé du démarrage des activités, il a immédiatement présenté une demande d’appui technique.
Un modèle de site de production intégrée
L’exploitation de M. Bezoky est rapidement devenue un site de production intégrée, c’est-à-dire une exploitation où les cultures traditionnelles côtoient des cultures qui ne font généralement pas partie du paysage agricole régional.
Avant l’intervention du programme, l’exploitation était peu diversifiée et une grande partie de sa surface restait en jachère. M. Bezoky n’utilisait que 10% de la surface cultivable. Aujourd’hui, il est possible de diviser la ferme en quatre grands espaces d’exploitation culturale : 0,5 ha pour les cultures maraîchères, 2 ha pour les cultures vivrières, 3 ha pour l’arboriculture et le reboisement, et 2 ha pour les cultures de rente. Les connaissances techniques et le savoir–faire de M. Bezoky ont également augmenté, ainsi que ceux des autres agriculteurs de la région qui ont participé aux formations du programme. Tous ont acquis des compétences techniques spécifiques liées à la culture de maraîchage, l’expérimentation, la diversification productive et l’organisation des circuits de partage de connaissances. Il y a eu également une diversification des sources économiques à partir desquelles les agriculteurs ont pu augmenter et échelonner leurs revenus agricoles.
Effet boule de neige
D’autres agriculteurs ont suivi l’exemple en diversifiant leur production. L’exploitation de M. Bekozy suffit désormais à nourrir sa famille et lui permet de vendre certains excédents sur le marché local du village, de la commune et du chef lieu du District de Soanierana Ivongo.
Les actions menées conjointement avec le programme PPRR ont par ailleurs permis à ce dernier de développer des outils méthodologiques de formation paysanne très adaptés à la réalité de la région, ainsi que de lancer d’autres sites de production intégrée dans le pôle. Enfin, cette expérience a permis de renforcer MIRAY, l’organisation paysanne à laquelle appartient M. Bezoky. Celle-ci est constituée de neuf membres.
Des répercussions sur toute la région
Cette expérience a eu plusieurs répercussions positives tant pour les agriculteurs de la région que pour le programme. Tout d’abord, elle a permis aux paysans d’adopter volontairement de nouvelles alternatives productives et de les réaliser sur leurs parcelles. En second lieu, le principe de formation participative et l’utilisation des méthodes d’éducation non formelles ont permis de mettre l’accent sur l’apprentissage par l’expérience et la mise en pratique sur des problèmes réels. En effet, l’une des plus importantes leçons apprises par le passé par les services de vulgarisation est que les recommandations généralisées à l’endroit des paysans par la recherche et la vulgarisation avaient besoin d’être attentivement examinées, testées et adaptées par les paysans eux-mêmes, compte tenu des conditions spécifiques de chaque localité. Enfin, cette expérience a provoqué la naissance de nouveaux groupes, organisations et réseaux dans la région.
Agriculteurs et techniciens, partenaires dans l’innovation
Le travail mené par le PPRR a donc bien été assimilé et les propositions sorties du terrain ont été reprises par nombre d’agriculteurs. L’approche participative utilisée a permis de renforcer les capacités des participants à prendre en main leur développement. De manière concrète, cette expérience a contribué à rehausser le statut du savoir local et des idées extraites de ce substrat social. Les paysans ne sont pas perçu comme récepteurs passifs d’une nouvelle technologie, mais plutôt comme des partenaires dans un processus qui les stimule à découvrir, expérimenter et innover d’eux-mêmes, et d’apprendre par la pratique. Dès lors, le changement et une amélioration durable du système de production sont possibles.
Jairo Paizano - Juillet, 2009
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