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PHBM

Feon’i Mandrare : radio rurale « la Voix du Mandrare »

jeudi 27 novembre 2008

Depuis 1998, la radio rurale Feon’i Mandrare rythme les journées dans le Haut Bassin du Mandrare. D’abord conçue comme un moyen de divertissement pour les habitants du chef lieu de la commune rurale de Tsivory et ses alentours, elle a rapidement évolué pour devenir un outil primordial de vulgarisation des informations de développement. C’est en 2002 que la « Voix du Mandrare » a pris un nouvel essor, grâce à l’appui du Projet du Haut Bassin du Mandrare (PHBM), un projet de développement rural financé par le Fonds international de développement agricole (FIDA).


De nouveaux équipements et un personnel qualifié

L’émetteur a été remplacé pour pouvoir couvrir jusqu’à 60 pour cent de la zone du projet et un journaliste a été recruté pour coordonner et diriger les activités de vulgarisation et de communication. Trois animateurs bénévoles ont été engagés et formés dans l’objectif de développer les compétences locales et d’assurer une bonne implication des acteurs locaux. La radio, qui assurait cinq heures et demi de diffusion quotidienne, a doublé son temps d’antenne. C’est également à partir de 2002 que les communautés locales ont été sollicitées pour venir participer aux émissions. La « Voix du Mandrare » est alors devenue une plate-forme d’échanges d’informations et de partage d’expériences entre les paysans et le projet mais aussi directement entre les paysans. La cellule communication du projet produit des émissions, des reportages et des spots en fonction des besoins des cellules techniques. Les bonnes expériences, les nouvelles pratiques, les témoignages, et des informations sur l’agriculture, l’élevage, l’environnement, la microfinance ou la gestion des réseaux hydroagricoles sont ainsi diffusés facilement aux populations du Haut Bassin du Mandrare.

Une diffusion nationale

« Feon’i Mandrare » a su développer des partenariats fructueux. Une collaboration avec le projet ALT Radio basé à Fort-Dauphin, a permis de renforcer les activités de la radio. Cette organisation non gouvernementale coopère avec les projets de développement et les radios FM dans plusieurs régions du Grand Sud de Madagascar. ALT Radio a constitué une bibliothèque inter-régionale qui regroupe les émissions produites par plusieurs projets de développement. Les émissions sont ensuite échangées et diffusées à plus large échelle, auprès des radios FM. Les émissions produites par le projet pourront même être écoutées jusqu’à Fianarantsoa, à plus de 500 km de la zone du Haut Bassin du Mandrare. La grille d’émissions s’est ainsi considérablement enrichie et peut être renouvelée périodiquement. Une collaboration avec le projet Santénet financé par l’Agence de développement des États-Unis (USAID) a permis la diffusion d’informations de planning familial et de santé communautaire.

Un outil de cohésion sociale

Le projet a aussi su s’adapter et ne pas cloisonner la radio aux seuls objectifs de vulgarisation et de sensibilisation. Ce sont en effet les dédicaces qui ont réellement popularisé la radio. Des dédicaces sont déposées tous les jours avec une affluence record le samedi, jour du marché à Tsivory. Certaines personnes font une vingtaine de kilomètres à pied pour pouvoir dédicacer une chanson et un petit mot qui annonce les nouvelles à la famille résidant dans une autre commune. C’est devenu un moyen de communication à part entière pour les populations locales quand il n’existe parfois aucun taxi-brousse pour pouvoir rendre visite à ses proches. « Les dédicaces diffusées par Feon’i Mandrare servent à renforcer les liens familiaux, explique M. Herizo, responsable de la cellule communication du projet, quand dans les villes elles sont devenues très superflues. »

C’est après la journée de travail, vers 20:00, que tout le monde est à l’écoute de la « Voix du Mandrare » en attente des nouvelles. C’est à ce moment aussi que les gens sont les plus réceptifs aux informations diffusées par le projet. Une centaine de groupes d’écoute de 7 à 15 personnes ont été formés autour d’un poste radio. Grâce à cette écoute collective, une information qui n’aura pas été comprise par l’un des membres pourra être expliquée immédiatement par quelqu’un d’autre. Le projet ALT Radio a également doté 80 groupes d’écoute de postes radio fonctionnant à la fois à l’énergie solaire et avec une manivelle. Les autres s’équipent lors des marchés hebdomadaires où les postes radios sont désormais disponibles.

Les dédicaces contribuent également à pérenniser les acquis de l’alphabétisation fonctionnelle. En effet, la plupart des personnes qui viennent dédicacer des chansons ont appris à lire et à écrire lors des séances d’alphabétisation fonctionnelle. Ces petits messages, qu’ils écrivent eux-mêmes, sont un moyen d’entretenir leurs connaissances.

« Même s’il n’existe aucune enquête formelle qui le prouve, continue M. Herizo, je peux vous assurer que la radio a largement contribué à l’ouverture d’esprit des populations du Haut Bassin du Mandrare. » Malgré l’enclavement de la zone, les populations peuvent avoir accès aux dernières nouveautés musicales, à des informations et à des initiatives de développement ne provenant pas uniquement du Haut Bassin du Mandrare. La radio est devenue essentielle aux communautés. Le défi reste cependant d’en assurer la pérennité. Les animateurs bénévoles qui ont été formés sont indemnisés par les sommes symboliques collectées par les dédicaces ou la diffusion d’annonces.

Sylvie Le Guével