PHBM
mardi 16 décembre 2008
La partie sud de Madagascar est l’une des régions les plus sèches de cette île par ailleurs relativement fertile, et c’était il y a peu encore l’une des plus pauvres, sujette à des famines récurrentes. La riziculture, qui s’y était développée dans le passé, ne nourrissait plus la région, ainsi livrée au désarroi économique.
Un projet du FIDA destiné à réhabiliter la production de riz et à introduire des méthodes de culture intensives, a permis de renverser la situation du bassin du Mandrare, en transformant cette sous-région du sud arrosée par le fleuve Mandrare, en grenier à riz. Le projet du Mandrare a dépassé les objectifs initialement visés et connu un tel succès qu’il a été suivi en 2001 d’une deuxième phase, actuellement en cours d’exécution.
“Avant le projet, la riziculture irriguée était tombée en désuétude et la région produisait très peu” déclare Andrianiainasoa Rakotondratsima, le directeur du projet. “La région était coupée du reste du monde, il fallait 12 heures de voiture pour faire les 120 kilomètres séparant Tolagnaso (Fort-Dauphin), capitale de la région, du bassin enclavé, où régnait une pauvreté épouvantable.” Le projet du Mandrare a permis de réhabiliter la riziculture irriguée, de remettre en état l’infrastructure, par exemple la voirie, et d’introduire des méthodes de culture plus intensives. De plus, la deuxième phase, qui en a élargi le champ à un plus grand nombre de communes et de villages, a mis en place un réseau d’institutions de microcrédit, sur le modèle d’un système analogue qui a donné de bons résultats dans la région productrice de vanille de Sava, située dans le nord-est du pays.
“Ce qu’il y a de spectaculaire dans ce projet, c’est que la région peut maintenant exporter jusqu’à 25 000 tonnes de riz dans le reste de la région du sud ; non seulement elle subvient à ses propres besoins, mais encore elle fournit du riz à l’extérieur” explique Benoît Thierry, chargé de programme de pays au FIDA. En quelques années, le périmètre irrigué est passé des 1 500 hectares existants, qui ont été renouvelés, à 3 000 hectares, et il devrait doubler à nouveau durant la phase en cours pour atteindre 6 000 hectares, divisés en parcelles de 50 à 100 hectares, et rendre les 100 000 habitants de la région largement autosuffisants. En principe, quand les conditions météorologiques sont normales, c’est-à-dire en l’absence de sécheresse, les rendements peuvent atteindre trois à quatre tonnes de riz à l’hectare.
Parallèlement, le projet a entrepris d’indispensables améliorations de l’infrastructure, en particulier de la voirie, afin de faciliter la circulation des marchandises et autres biens, en provenance et à destination de la région. Depuis le début des travaux, plus de 100 kilomètres de routes ont ainsi été remis en état. “Cela signifie que les agriculteurs ont maintenant la possibilité d’acheminer leurs produits vers les marchés” déclare Thierry.
La moitié à peu près des fonds, qui s’élevaient pour la deuxième phase à 23 millions de USD, ont été attribués à des microprojets agricoles, et le quart à l’amélioration de l’infrastructure. Pour sa part, le FIDA a consenti un prêt à des conditions favorables, chiffré à environ 13 millions de USD. Le succès du premier projet du Mandrare est attribué principalement au fait qu’il s’est fondé sur l’initiative locale, qu’il a répondu à des besoins locaux et qu’il a été exécuté à un micro-niveau, ce qui a permis aux petits exploitants de mieux comprendre et de mieux maîtriser les conditions de leur propre production.
S’appuyant sur ces résultats, la deuxième phase du projet du Mandrare a donné naissance à une centaine de mini-projets de cultures légumières et céréalières, telles que celles du manioc ou du maïs. Ainsi, 200 tonnes environ de choux, tomates, oignons, ail et carottes ont été produites à ce jour, ainsi que 4,5 tonnes de semences de maïs et de manioc et plus de 8 tonnes de semences de riz, de sorte que les petits exploitants ont pu diversifier leur production. Des machines agricoles de base ont été introduites, et les agriculteurs locaux se sont réunis en associations de producteurs assurant la commercialisation de leurs produits.
L’élevage, élément essentiel de la vie rurale dans la région, n’a pas été oublié. Le démarrage de cette activité a toutefois été plus lent, malgré le programme de vaccination, par suite d’une mortalité élevée (environ 50 pour cent du troupeau caprin) due à la pénurie d’eau pendant la saison sèche. Le problème de l’approvisionnement en eau n’a pas encore été résolu.
Dans l’ensemble, des progrès restent nécessaires pour que la deuxième phase du projet du Mandrare puisse être menée à bonne fin d’ici deux ans. En particulier, les collectivités locales ont besoin d’une aide supplémentaire pour utiliser des méthodes de culture plus intensives tout en respectant l’environnement, tandis que les organisations locales mises en place, qu’il s’agisse des syndicats d’irrigants ou des associations d’usagers de la route, doivent être renforcées et devenir autonomes pour pouvoir continuer à croître et être capables de prendre durablement le relai à l’achèvement du projet. Parfois, les progrès ont été entravés par le faible niveau d’alphabétisation de la population, bien que le programme d’alphabétisation mis en place ait dépassé ses objectifs initiaux, puisque deux fois plus de sites d’enseignement que prévu ont été ouverts et 8 000 habitants sont déjà alphabétisés. C’est plutôt la qualité de l’enseignement ainsi que la motivation et le zèle des enseignants qui laissent à désirer.
Par ailleurs, le réseau de crédit mutuel, établi en avril 2004, compte après deux ans d’existence plus de 1 600 adhérents, dont 20 pour cent de femmes, ce qui constitue un début très encourageant, mais il devra attirer un plus grand nombre de producteurs locaux car ce chiffre ne représente qu’un taux de pénétration de 5 pour cent.
“Toute la région est devenue un pôle de croissance, qui attire de plus en plus de monde ” déclare Harifidy Ramilison, gouverneur régional et ancien directeur de projet. Dans l’ensemble, le projet du Mandrare est devenu un modèle pour le gouvernement de la République de Madagascar. La région bénéficie à présent d’autres activités économiques, par exemple l’industrie extractive, qui attire les investissements, et Fort-Dauphin est une ville en pleine croissance, grâce au bassin du Mandrare qui peut assurer son ravitaillement.
Conception : | ||
Contact : contact@capfida.mg | Copyright CAPFIDA 2011 |