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PHBM

Impact sur le niveau de vie des populations du Haut Bassin du Mandrare

Comparaison avec les communes littorales du District d’Amboasary

jeudi 27 novembre 2008

Comparaison avec les communes littorales du District d’Amboasary.

Voir aussi la vidéo bilan PHBM


Le Projet de Mise en Valeur du Haut Bassin du Mandrare débute en 1996 et trouve son ancrage historique dans la grave crise alimentaire qui a touché tout le Sud de Madagascar en 1991 – 1992. Les zones les plus durement touchées sont les zones littorales de la région Androy et du district d’Amboasary dans la région Anosy. Cette famine a été nommée « tsy mitolike » (on mange sans se retourner) qui décrit la lutte individuelle pour la survie.

L’enclavement, la détérioration des infrastructures productives du Haut Bassin du Mandrare et plusieurs années de sécheresse consécutives avaient anéanti le potentiel productif de la zone connue auparavant comme le « grenier à riz » des régions Anosy et Androy.

C’est dans ce contexte que le PHBM s’installe dans cinq communes du Haut Bassin du Mandrare (Tsivory, Elonty, Mahaly, Marotsiraka et Tomboarivo) avec l’objectif de réduire la pauvreté rurale et d’assurer la sécurité alimentaire des populations de la zone. Les résultats obtenus et l’important potentiel productif de la zone ont abouti au lancement d’une deuxième phase en 2001 avec une extension de la zone d’intervention (de 5 à 11 communes). Après près de 12 années d’activités, il est aujourd’hui possible d’évaluer les impacts de l’intervention du PHBM sur le niveau de vie des populations du Haut Bassin du Mandrare.

A l’arrivée du Projet en 1996 dans les cinq premières communes ou en 2001 dans les six autres communes, l’état de dégradation des infrastructures sociales était tel qu’il n’était pas concevable d’entreprendre la restauration de la capacité productive de la zone sans préalablement garantir aux populations locales un accès aux équipements et services sociaux de base. Moins de 8 % des 96 000 habitants de la zone disposaient d’un accès à l’eau potable, seule la commune de Tsivory comptait un centre de santé, le taux d’analphabétisme était compris entre 70 et 95 %, le taux de scolarisation dans le primaire était inférieur à 30 %.

Le PHBM a donc travaillé avec des partenaires (Fonds d’Intervention pour le Développement, UNICEF, Ministères de la Santé, de l’Education, de l’Energie…) pour améliorer l’accès aux services sociaux de base : construction de points d’eau, réhabilitation des systèmes d’adduction d’eau existants, construction de centres de santé de base et d’écoles.

Les résultats dont nous disposons suite à des enquêtes socio-économiques réalisées depuis 2002 sont significatifs : 34 % de la population locale accède désormais à l’eau potable ; neuf des onze communes sont équipées d’un centre de santé de base fonctionnel ; treize écoles publiques ont été construites et le taux de scolarisation dans le primaire a atteint 47 % en 2006.

Parallèlement à la construction ou à la réhabilitation de ces infrastructures, le PHBM s’est chargé d’animer les populations autour des nouveaux services sociaux. La sensibilisation des communautés aux activités de santé communautaire a abouti à une augmentation de l’utilisation de moyens contraceptifs de l’ordre de 27 %, plus de 70 % des femmes réalisent des visites prénatales et 60 % des jeunes ont été sensibilisés sur les modes de transmissions des maladies sexuellement transmissibles. Les activités entreprises en alphabétisation fonctionnelle des adultes ont offert l’opportunité à plus de 8000 adultes de savoir lire, écrire et compter.

Une fois l’accès aux services sociaux de base amélioré, l’un des principaux objectifs du PHBM est de contribuer à l’augmentation et à la sécurisation des revenus des populations locales. Beaucoup d’efforts ont été entrepris pour augmenter les surfaces rizicoles afin de valoriser au mieux toute l’eau disponible dans la zone. Les superficies irriguées dédiées à la riziculture ont quasiment été multipliées par cinq avec aujourd’hui 5220 hectares cultivables. L’un des effets importants de l’augmentation des superficies irriguées est l’accès à la terre pour les plus pauvres : 30 % de ceux qui ne possédaient pas de terres irriguées en 2002 sont devenus producteurs de riz.

Des efforts ont aussi été déployés par améliorer la productivité (diffusion de meilleures pratiques agricoles visant à intensifier la riziculture et vulgarisation de l’utilisation de matériaux agricoles). Le rendement est passé de 2 t/ha en 2002 à 3,36 t/ha en 2006. Le PHBM a cherché à diversifier les revenus des populations locales en introduisant de nouvelles cultures. Une très belle réussite du Projet concerne la filière oignon-ail qui compte aujourd’hui plus de 7000 producteurs dont plus de 4000 femmes. L’introduction de ces cultures très rémunératrices a surtout profité aux femmes et aux jeunes qui ont su tirer profit des formations dispensées par le PHBM. 

Le désenclavement de la zone avec 270 kilomètres de pistes réhabilitées a permis une meilleure circulation des produits et des hommes. Les marchés hebdomadaires sont mieux approvisionnés et les prix ont baissé grâce au développement de la concurrence. La concurrence accrue entre collecteurs a aussi profité aux producteurs. Le prix du riz a pu être multiplié par six. Le développement d’un service de microfinance depuis 2004 a rendu possible le développement de nouvelles activités génératrices de revenus et participe au développement agricole de la zone en offrant des produits financiers qui soutiennent la production : le crédit Location Vente Matériel finance des intrants agricoles, le Grenier Commun Villageois permet de stocker le riz et de le revendre quand les prix sont meilleurs... Toutes ces activités ont permis une augmentation conséquente des revenus. Entre 2002 et 2005, le revenu moyen par habitant a connu une augmentation de 74 %.

Le développement économique de la zone du Haut Bassin du Mandrare n’était pas possible sans la garantie de la sécurité alimentaire des populations locales. Les données disponibles permettent d’effectuer des comparaisons. Les communes retenues pour la comparaison sont les quatre communes littorales du District d’Amboasary où le PHBM n’est pas intervenu. Les résultats prouvent que les quantités consommées en aliments de base ont augmenté et l’alimentation s’est diversifiée depuis 2003. Le statut nutritionnel des populations locales s’en trouve amélioré.

Les données cartographiques indiquent que la zone du PHBM n’est pas soumise à des difficultés alimentaires contrairement aux communes littorales qui connaissent périodiquement des difficultés. Il existe toutefois des communes plus fragiles (Tranomaro, Ranobe) en raison de leur faible potentiel en agriculture irriguée qui connaissent des difficultés économiques les années de sécheresse. Avec les 22 000 tonnes de riz produites en année normale, la sécurité alimentaire est atteinte. Malgré la sécheresse de 2006, 13 000 tonnes de riz ont quand même pu être produites dans le Haut Bassin du Mandrare, ce qui suffit aux 96 000 habitants de la zone.

Le Haut Bassin du Mandrare est en train de retrouver sa qualité de « grenier à riz » des régions Anosy et Androy grâce aux efforts déployés par le PHBM depuis près de 12 ans.

Sylvie Leguevel - octobre 2007