PHBM
lundi 15 décembre 2008
Avec l’appui consistant du Projet de mise en valeur du Haut-Bassin du Mandrare, la culture de l’oignon et de l’ail a pris un grand essor dans le sud de Madagascar. Les parcelles allouées à ces légumes augmentent, les paysans visent le marché lénifiant de Tolagnaro.
"Les hommes se sont moqués de nous pour avoir cultivé de l’oignon dans une région aussi aride que la nôtre, mais aujourd’hui ils s’y mettent", lance de vive voix d’un ton victorieux Noeliarisoa Philbertine, une membre du groupement "culture maraîchère" à Tranomaro, 96 km au Sud de Tsivory. La culture maraîchère a été auparavant l’apanage des femmes pour des parcelles de subsistance dans le haut-bassin du Mandrare. Aujourd’hui, la culture d’oignon et de l’ail mais surtout la commercialisation sont devenus l’affaire de tous. Les organisations paysannes ont surtout manifesté leur intérêt. "Nous avons créé notre propre association afin de promouvoir la filière maraîchère : hommes et femmes de la communauté se donnent la main pour faciliter les contacts."
Le PHBM a intégré depuis 2003 la promotion de la culture maraîchère dans ses activités. Depuis lors, la demande d’appui des paysans en matière de culture maraîchère n’a cessé d’augmenter. Plus de 400 mini-projets, soit 60% de l’ensemble de projets agricultures, formulés par les paysans auprès du PHBM concernent cette culture. Pour l’heure, le haut-bassin du Mandrare cultive 4O ha d’oignon et d’ail. Soit : 320 t d’oignons et 160 tonnes d’ail.
Vers la commercialisation du produit
Au vu de l’opportunité qui se présente dans la région, les paysans se fixent un objectif beaucoup plus ambitieux : celui de la commercialisation du produit maraîcher, dans la région. "Il s’agit de passer de la culture de subsistance à la culture commerciale", évoque Tlig, un simple paysan. Pour ce faire, les surfaces allouées aux légumes se multiplient : "avant, les parcelles dépassaient rarement les 5m2. Maintenant, la culture d’oignon et d’ail se fait sur des plates-bandes de 30m2", renchérit Faneva, un fervent maraîcher de Tsivory. Les cultivateurs se constituent en union pour mieux cibler le marché : "nous créons les unions de cultivateurs afin de percer ensemble un marché en attendant d’avoir des maisons de stockage pour mieux conserver les produits."
Et pour rentabiliser davantage l’agriculture, les cultivateurs associent la riziculture avec le maraîchage. "La culture de contre saison, méconnu auparavant, rentre désormais dans l’habitude des paysans. Après la récolte du riz, les rizières donnent place à l’ail et oignon", révèle Manoa Andriatsilavo responsable de la cellule agriculture au sein du PHBM. « Auparavant, les paysans ne s’en rendaient pas compte. En avril et mai, entre deux saisons rizicoles, le champ n’est pas exploité. C’était du gaspillage ! », martèle-t-il.
Ce changement de comportement fait suite à l’adoption de nouvelles techniques : "quand la surface augmente, il faut utiliser des moyens adaptés", expliquent les techniciens du projet. Des agents du projet ont régulièrement tenu des séances de démonstration en utilisant des petits matériels, comme les motopompes. La culture en ligne ainsi que l’utilisation d’engrais permettent de rentabiliser chaque centimètre carré de la surface. Les techniciens du projet ont dû batailler dur pour faire comprendre aux paysans que pour viser le marché il faut cultiver à grande échelle.
Un choix réfléchi
Dans le Haut-Bassin du Mandrare, l’engouement vers la culture maraîchère n’est pas fortuit. L’oignon et l’ail ont été vite prisés par les paysans car faciles à conserver. Par ailleurs, ces légumes s’adaptent bien aux conditions climatiques de la zone. Cette production a été stimulée par la demande ascendante de Tolagnaro, ville de proximité en pleine expansion à cause du démarrage de l’exploitation de l’ilménite dans la région. Petit à petit, d’autres cultures ont complété le tableau : pomme de terre, tomates, haricot vert…
Pour les paysans, cet engouement s’explique par le fait que l’oignon et l’ail leur apportent un revenu supplémentaire, lesquels à terme, leur permet de récolter une somme assez importante. De revenus solides ont changé de visu leur vie quotidienne. Les bénéficiaires du projet ne cachent pas leur satisfaction : « j’ai réalisé mon rêve, celui d’avoir des assiettes ‘Duralex’ grâce aux bénéfices offerts par la culture d’oignon », se targue une mère de famille, tout comme un cultivateur tout fier d’avoir acheté un poste téléviseur. Vitasoa, un autre maraîcher crie plein d’entrain « j’ai un vélo, merci ail oignon ! »
Herimalala Ratsimbazafy
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