PARECAM
mardi 9 novembre 2010
L’Union Européenne a mis en place une facilité alimentaire d’un milliard d’euros approuvé par le parlement qui bénéficie à une quarantaine de pays dont Madagascar avec un don d’une valeur de 12,43 millions d’Euros. Le FIDA et l’Etat malgache réalisent PARECAM avec les 4 projets que nous avons en cours et qui couvrent 13 régions.
Faisons connaissance. Parlez nous du Programme d’Aide à la Résistance aux Crises Alimentaires à Madagascar ou PARECAM.
Je m’appelle Benoit Thierry, je suis basé à Rome, en Italie, au siège de FIDA, qui est le Fond International pour le Développement Agricole, et nous travaillons à Madagascar depuis une trentaine d’années. Et nous avons plusieurs projets en cours, et le PARECAM a démarré récemment, grâce à l’initiative de financement de l’Union Européenne. Vous avez su qu’il y a plus de 2 ans, en 2008, il y avait une crise alimentaire mondiale, dans la mesure où il y a eu énormément de spéculations sur les produits de base qui ont répercuté une hausse de prix aux consommateurs et beaucoup de populations de par le monde n’arrivaient plus à nourrir leur famille. Donc, il y a eu une grande initiative de la part des bailleurs de fonds, tous confondus : le FIDA, l’Union Européenne, la Banque Mondiale et beaucoup d’autres pays et institutions. L’Union Européenne a mis en place une facilité alimentaire d’un milliard d’euros approuvé par le parlement qui bénéficie à une quarantaine de pays dont Madagascar avec un don d’une valeur de 12,43 millions d’Euros. Le FIDA et l’Etat malgache réalisent PARECAM avec les 4 projets que nous avons en cours et qui couvrent 13 régions.
Dans quel domaine intervient le projet ? Quels sont ses objectifs ? Comment le projet est-il structuré ?
PARECAM vient en supplément, en complément des activités déjà menées par les projets en cours du FIDA. Il vise notamment à améliorer la sécurité alimentaire des familles. Nous devrons couvrir 75000 familles réparties dans toutes les régions qui sont surtout à l’Est, l’Ouest, le Centre et le Sud du pays. Pour cela, nous suivons une méthodologie classique qui se décliné en 4 résultats attendus. On vise d’abord l’aménagement des terres, c’est-à-dire prévoir des zones pour la riziculture à travers l’irrigation et des zones pour le maraichage. C’est le premier résultat. Le deuxième résultat porte sur la production : comment améliorer la production et la productivité agricole ? Donc, cela passe par la vulgarisation, l’approvisionnement en intrants comme les semences et les engrais. Mais on a visé très fort les semences. Les semences améliorées ne veut pas dire forcément que ce sont des semences hybrides ou des OGM, au contraire, on peut avoir des semences classiques mais de bonne qualité qui viennent renforcer le potentiel génétique dans la région et qui multiplient les rendements par 3 ou 4. Le troisième résultat, c’est plus la récolte, la conservation des récoltes et la commercialisation. Nous travaillons beaucoup sur les greniers communs villageois qui sont la mise en place de capacité de stockage au niveau des villages. Ceci permet d’améliorer la résilience de la population, de garder des stocks alimentaires dans la zone, plutôt qu’ils soient vendus immédiatement à des collecteurs qui vont les envoyer très loin. Et enfin, le quatrième résultat porte plus sur les actions d’accompagnement, d’encadrements, et de durabilité du programme, puisque le PARECAM ne dure que deux ans. On souhaite bien entendu que les résultats soient répercutés et amplifiés au cours des années à venir. Donc, par exemple, grâce aux semences qui sont déposés en fonds de roulement, vous avez un développement exponentiel d’approvisionnement, pour le stockage, c’est à peu près le même processus. Il y aura aussi ce lien avec la microfinance qui permettra à chaque fois d’augmenter les quantités commercialisées. Donc, voilà les 4 résultats attendus qui permettent de servir l’objectif global qui est d’améliorer la résilience des familles et améliorer la productivité pour qu’on atteigne la sécurité alimentaire.
Avec son caractère d’urgence, en quoi PARECAM puisse appuyer la politique agricole nationale ?
Alors, c’est sûr que le facteur déclenchant du programme a été la crise des produits alimentaires en 2008. C’est un problème récurrent dans tous les pays où nous travaillons. Je pense qu’à Madagascar, tout le monde connaît bien cela. Et donc comment faire en sorte que les familles puissent trouver des produits agricoles alimentaires abordables. C’est aussi faire en sorte que les paysans améliorent leur productivité pour produire suffisamment pour eux, pour les gens en ville. Et pourquoi pas aussi pour l’exportation ? Donc, ce n’est pas un projet soudain, qui est apparu comme cela ! C’est vraiment en complément d’activités qui étaient en cours. L’Etat, par ailleurs, a une stratégie nationale, de développement d’agriculture, le programme sectoriel agricole. Et tous nos projets, y compris le PARECAM participent au programme sectoriel agricole. Je pense que le PARECAM poursuit l’effort de révolution verte qui avait été entrepris il y a quelques années notamment en 2008, par la république de Madagascar. Et donc, dans ce sens là, nous gardons un peu les mêmes objectifs, c’est-à-dire de permettre aux familles paysannes dans les régions, qui, souvent, se sont repliées sur elles mêmes au fur et à mesure des crises ces trente dernières années sont revenues à l’autosuffisance. On voudrait les aider à dépasser cela, c’est-à-dire assurer l’autosuffisance par la production agricole mais aussi produire en supplément de manière à ce qu’ils aient des revenus monétaires et que ce supplément de produits agricoles parte ensuite dans les villes pour approvisionner les familles urbaines. Donc, c’est tout un enchaînement que PARECAM cherche à mettre en place et qui pourra avoir un effet sur l’agriculture du pays ; qu’on sorte de ce cercle vicieux où la productivité agricole est très basse, ou les gens subissent des périodes de famines au moindre incident météorologique tel le cyclone ou la sécheresse. Le fait est qu’il faut encore une fois assurer la résilience des familles et leur permettre d’aller un peu au-delà de l’économie de marché pour qu’il puisse avoir des revenus réguliers en plus d’avoir leurs greniers pleins.
On sait qu’en temps de crise les difficultés opérationnelles ne manquent pas mais vous avez pu démarrer le projet…
Le projet a démarré extrêmement vite, grâce aux équipes qui étaient déjà en place sur le terrain, ce qui fait qu’au bout de trois mois, on a déjà beaucoup d’activités engagées. Au bout d’une année, on a atteint plus de 50 % des résultats attendus, nous espérons même pouvoir terminer le projet en avance au milieu de l’année 2011. En terme de résultats, on peut dire qu’il y a déjà près de 7000 ha de périmètres irrigués qui sont mis en en œuvre. On doit atteindre l’objectif de 10 000 et 3000 de ces ha sont faits sur le BVLac. Alors ce qui est intéressant sur le BVlac, ou le lac Alaotra, c’est une zone qui a eu beaucoup d’appui au cours de ces dernières décennies et qui est une zone extrêmement avancée en terme d’agriculture par rapport à d’autres régions de Madagascar où les paysans sont plus dispersés et ont eu moins d’appui. Et je pense que non seulement, nous sommes fiers que, le PARECAM ait pu aidé à aménager une zone de BVLac qui était complètement détruite depuis très longtemps et inondée, mais l’objectif que nous avons est que ceci serve d’exemple à d’autres régions et que BVLac puisse inviter des paysans des autres régions à venir voir les résultats et les modes de vie qu’il y a là bas, c’est-à-dire qu’au Lac Alaotra, on a des paysans qui peuvent s’acheter des motoculteurs, qui ont des stocks de récolte, qui ont les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école. Et il peut être très intéressant que d’autres paysans puissent copier ces modalités et les mettre en œuvre chez eux. Le fait que PARECAM travaille dans 13 régions permettra déjà de multiplier cet effort.
Dans ces régions, est-ce que vous travaillez avec les services étatiques ?
Ecoutez. C’est dans les principes de base du FIDA qui est un fonds de développement, de toujours travailler avec l’Etat et les représentations de l’Etat à tous les niveaux national, régional et local. Par rapport à PARECAM, nous avons largement bénéficié de l’appui de l’administration locale et je dois les remercier ici car ils ont été d’une très grande efficacité. La liaison des projets et de l’administration locale a permis d’avoir des résultats très rapides. J’ai visité récemment les zones de Tamatave, les zones de Vatovavy ou les zones de Haute Matsiatra, et partout où je suis allé, j’ai vu que la jonction fonctionnait très bien entre les projets, l’administration technique et les paysans. J’ai vu que l’organisation des paysans se passait bien. Les distributions d’intrants on été réalisées. Le remboursement d’intrants aussi. On a eu des effets très intéressants. Même à la suite de passage de cyclones comme à Vatovavy, il y eu des recensements des besoins très rapides et une distribution tout aussi rapide de lianes de patates douces par exemple. Près de 25 tonnes on été distribués. Des semences de maïs qui ont permis aux gens de récupérer une deuxième récolte etc… Donc cette entente se passe très bien.
Et les objectifs du millénaire dans tout cela ?
Je pense que le PARECAM, comme les autres projets de l’UE, les projets de FIDA, les projets de la République de Madagascar visent tous à accomplir les objectifs du millénaire qui avaient été décidé par les Nations Unies à l’orée du 21ème siècle. Je vous rappelle qu’en ce qui nous concerne dans le domaine agricole, nous visons essentiellement cet objectif qui est de réduire la pauvreté de moitié à l’horizon 2015. On pense qu’en améliorant la situation alimentaire des familles, en améliorant la production agricole, nous améliorons les revenus. Nous aiderons les familles à passer du niveau de moins d’1 dollar par jour et par personne au double. C’est ce que certains projets du FIDA ont déjà prouvé notamment dans le Sud, il y a quelques années ; Le PHBM avait permis de doubler les revenus de familles sur une dizaine d’années et on voit encore les résultats aujourd’hui. Par ailleurs, le fait que l’Union Européenne, ait confié ces fonds au FIDA via l’Etat malgache, je pense que cela montre déjà la très bonne entente qui existe entre les bailleurs de fonds et la mise en œuvre effective de la déclaration de Paris, sur l’harmonisation et la coopération entre tout le monde.
Propos recueillis par José RAVELONANDRO et Stéphane CORDUANT
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