PHBM
lundi 15 décembre 2008
Initiées à la planification locale, les organisations paysannes du Haut Mandrare sont actuellement conscientes qu’il faut se mettre ensemble pour produire plus et affronter un marché grandissant.
Les producteurs d’oignon et d’ail d’Amboangy se sont constitués en association pour former un comité de commercialisation. Le premier marché visé : le pôle de développement de Taolagnaro où les demandes croissent rapidement avec le développement des activités d’exploration d’ilménite. Un débouché juteux qui a séduit les organisations paysannes des 17 villages de la Commune de Mahaly. Quant à la commune d’Ebelo, l’association des éleveurs organise périodiquement des séances de sensibilisation qui visent un meilleur accès des éleveurs bovins aux structures de la Mutuelle du Mandrare pour en tirer les meilleurs avantages. Un début de professionnalisation pour ce métier séculaire.
Ne plus affronter seul un collecteur
Se constituer en association pour profiter des vagues de changement dans les techniques de production et bénéficier des appuis techniques et financiers du projet : tel est la stratégie des organisations paysannes. Elles sont les structures de base du développement auprès des franges fragiles de la population du Haut Bassin du Mandrare. A savoir les femmes, les sans-terre et les jeunes ne disposant pas de têtes de bétails suffisants. Pour les deux phases du PHBM, 125 organisations paysannes ont été encadrées, dont les initiatives locales ont fait émerger des mini-projets à financement.
Du côté de la commercialisation, laquelle a été un aspect nouveau dans la vie des producteurs, les organisations paysannes jouent également un rôle crucial. A Amboangy, on le sait bien. Les producteurs, réunis dans les organisations paysannes des 17 villages de la Commune de Mahaly, se sont groupés pour fonder une structure originale : le « Comité de Commercialisation », dirigé par des membres issus de l’assemblée générale des organisations paysannes. Ils ont ainsi bénéficié d’un financement du PHBM en la construction d’un local de stockage d’oignon et d’ail à Amboangy, au bord de la Route Nationale. En attendant d’achever les travaux, ils ont déjà décidé du futur circuit de la commercialisation : le stock personnel de chaque producteur sera confié au local, sans frais, et quelques membres du Comité de Commercialisation iront prospecter des acheteurs à Taolagnaro et Amboasary, aux frais du Comité.
« L’adhésion dans les structures de stockage est libre et personnelle pour chaque producteur », précise Profit, membre fondateur du Comité, et chacun peut déposer sans frais ses produits dans le local en attendant de meilleurs prix, même s’il projette de les vendre sans passer par le Comité. Leur stratégie est d’imposer un prix décent aux collecteurs. De cette manière, le producteur n’aura plus à affronter seul un collecteur car c’est le Comité qui parlera au nom de toute la Communauté des producteurs. Dès à présent, le kilo d’oignon est passé de 400 à 800 Ariary et les collecteurs ne sont plus les seuls à faire la loi.
Des structures communes pour des intérêts communs
« Nous avons reçu des techniciens du PHBM une formation sur la gestion financière et sur la planification de notre activité », explique Maka Fihengena, éleveur septuagénaire de Ebelo. Depuis 4 ans qu’elle existe, leur association, au nom éloquent de « Fokonolo Miray Hina » (« Communauté Solidaire ») a été le cadre d’un changement des stratégies adoptées par les producteurs : réunir les intérêts communs pour les défendre plus efficacement.
A ces organisations paysannes sont dévolues des tâches multiples mais les plus importantes concernent l’initiation des paysans à l’adoption des nouvelles techniques de production. Que soit dans l’agriculture, l’élevage ou la commercialisation. Un cas édifiant : l’organisation paysanne de culture maraîchère de Befihamy, dans la commune de Mahaly, réunissant une trentaine de membres. Cette organisation a vu son mini-projet d’amélioration de la culture d’oignon bénéficier d’un don de 70 petits matériels agricoles. Les membres peuvent emprunter ces matériels moyennant une cotisation annuelle de 400 ariary, soit le prix d’un kilo d’oignon. « Nous sommes conscients que nous n’aurions jamais pu acquérir ces matériels chacun de notre côté », reconnaît Christolline. D’autres groupements ont pu acheter des zébus grâce à un fonds communautaire.
Ces structures ont été fondées par les bénéficiaires du projet eux-mêmes. Chaque commune, sur la base de son Plan Communal de Développement (PCD), a identifié ses priorités. Les bénéficiaires ont été encouragés à se former en petits groupes pour « mieux gérer et mieux se gérer » explique Jean Maximin Andrianatonadro, Chef de la Cellule Organisation paysanne du Projet. « Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain, continue-t-il, et les dons en matériels n’a pas été le seul avantage perçu par les producteurs. Les fonds alloués aux mini-projets ont amélioré la perception locale de la structure collective ». Preuve que les efforts continus du projet ne sont pas restés lettre morte, certaines organisations volent maintenant de leurs propres ailes pour mieux produire. Non pas seulement pour combattre la famine mais également pour améliorer à terme le revenu des ménages.
Henintsoa Randriamampianina
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