PPRR
mercredi 10 novembre 2010
Malgré sa faible contribution aux émissions de gaz à effet de serre, l’Afrique ne sera pas épargnée par l’augmentation des températures et des événements météo extrêmes qui accompagneront le changement climatique dans le siècle à venir, tels des inondations, des sécheresses ou des cyclones plus fréquents et plus violents. Afin que l’agriculture continue à subsister, il est nécessaire non seulement qu’elle s’adapte aux perturbations à venir, mais également qu’elle participe activement à la lutte contre le changement climatique.
Le Programme de promotion des revenus ruraux (PPRR), situé sur la côte Est de Madagascar, œuvre depuis 2005 à augmenter les revenus des agriculteurs afin de réduire la pauvreté dans la région et s’intéresse depuis peu à l’effet de ses activités sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Avec le financement du Fonds international de développement agricole (FIDA) et prochainement de la Commission de l’Océan Indien (COI), le PPRR a mis en place des sites de production intégrée, ou sites agroécologiques, qui allient production alimentaire diversifiée, protection contre l’érosion, stockage de carbone et augmentation de la fertilité des sols.
Les sites de production intégrée sont généralement situés sur les pentes et sont composés d’une alternance d’arbres fruitiers et de cultures maraîchères entre plusieurs bandes de flemingia (plante antiérosive), avec au sommet quelques ares d’eucalyptus et d’acacia pour fournir du bois de chauffe.
Un potentiel de stockage de carbone non négligeable
Après calcul avec le logiciel EX-ACT, un outil d’estimation des gaz à effet de serre développé récemment par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le potentiel de stockage des sites de production intégrée pourrait s’élever à 530 000 t de CO2 sur 20 ans si les 1 500 ha prévus sont mis en place.
Les activités de promotion du système de riziculture intensive (SRI) et du système de riziculture améliorée (SRA) mis en place par le Programme ont également un potentiel non négligeable de mitigation du changement climatique.
Le programme de réhabilitation des périmètres irrigués permettra une meilleure gestion de l’irrigation des rizières et donnera ainsi la possibilité aux agriculteurs d’adopter de nouvelles techniques plus productives et moins émettrices de méthane, tel le SRI. Après simulation dans l’outil EX-ACT, avec un taux d’adoption du SRI et SRA de 2 500 ha sur les 3 000 ha réhabilités prévus par le Programme, la quantité totale de méthane retenue sur 20 ans pourrait s’élever à 1,255 millions de tonnes d’équivalent CO2 par rapport à la situation sans Programme. Ce chiffre élevé peut être expliqué par le coefficient d’émission très important des rizières traditionnelles. Mal drainées et inondées en permanence avant et pendant la saison de culture, celles-ci émettent en effet jusqu’à 7,45 kg de CH4 par hectare et par jour. Une rizière en SRI immergée par intermittence avec une utilisation de compost émet en moyenne 0,84 kg de CH4 par ha et par jour, soit presque 10 fois moins qu’une rizière traditionnelle.
Avec plus de 1,6 millions de tonnes d’équivalent CO2 stockées ou évitées, les sites agroécologiques et la promotion de nouvelles techniques rizicoles sont d’une importance majeure pour la participation du PPRR à la lutte contre le changement climatique. En comparaison, les autres activités, telles les distributions d’intrants aux agriculteurs, ont un impact assez faible avec 13 260 de tonnes d’équivalent CO2 émis.
Au final, le résultat carbone du Programme par rapport à la situation sans Programme pourrait s’élever de 1,2 millions à 1,6 millions de tonnes d’équivalent CO2 évités ou stockés sur 20 ans, selon les taux d’adoption des pratiques.
Le marché du carbone comme source complémentaire de financement
À ce jour, les financements carbone qui rétribuent une riziculture moins émettrice de CO2 ne sont pas encore mobilisables. Une des raisons est le niveau d’incertitude élevé des facteurs d’émissions. Pour l’agroforesterie, des crédits carbone pourraient être débloqués via le marché réglementaire ou volontaire, ou même via les paiements pour services environnementaux (PES). Au prix de 5 dollars la tonne de carbone, le Programme pourrait envisager recevoir l’équivalent de 2,6 millions de dollars sur 20 ans, soit environ 130 000 dollars par an pour les sites de production intégrée.
Ce nouvel apport de crédit permettrait au Programme de développer ces sites, d’embaucher plus de personnel pour le conseil et la formation des agriculteurs et favoriser ainsi de nouvelles techniques moins émettrices de carbone, tout en permettant au producteur de s’adapter au changement climatique.
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