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PPRR

Le miel de la forêt de Tampolo reprend le chemin des marchés nationaux

mardi 26 août 2008

Fort potentiel agricole et conditions de vie difficiles pour les paysans : c’est le paradoxe de la région d’Analanjirofo, à l’est de Madagascar. La cause en est simple : l’absence de structuration du monde rural et le manque de technicité limitent les investissements agricoles et freinent la professionnalisation des filières. C’est notamment le cas de l’apiculture. Voir aussi le reportage sur la filière miel


Depuis 2004, le programme de promotion des revenus ruraux (PPRR), un programme financé par le Fonds international de développement agricole, le Fonds de l’OPEP et le Gouvernement de Madagascar, tente d’y remédier en apportant un appui technique aux apiculteurs de la région. En quatre ans, le programme a permis aux producteurs de multiplier la production de miel par trois, tout en leur facilitant l’accès au marché national, où la demande est importante. De plus, les débouchés à l’exportation existent :le miel malgache était autrefois très apprécié en Europe mais faute de système de surveillance sanitaire, Madagascar a perdu la majorité de ses parts de marché et les exportations vers l’Union européenne ont été pratiquement stoppées.

Dans la région, l’activité est généralement pratiquée de façon traditionnelle. Les ménages possèdent de une à cinq ruches, fabriquées dans des troncs d’arbre creux. Le miel est utilisé pour la consommation personnelle des familles et les surplus sont vendus sur les marchés locaux entre 3000 et 3200 Ariary le kilo, soit environ 1,50 dollar. Les quantités produites, qui varient entre cinq et dix kilos par ruche et par an, ne permettent pas de dégager suffisamment de revenus.

« J’ai toujours travaillé avec des ruches traditionnelles faites dans des troncs d’arbre creux, explique M. Nosy, apiculteur dans la région depuis plus de dix ans. On frotte l’intérieur avec des feuilles de citronnelle, puis on y place de la cire pour attirer les essaims. L’entretien et la collecte sont difficiles, et après extraction il reste beaucoup d’impuretés dans le miel. »

Moderniser les équipements pour faciliter la production

L’apiculture avec des ruches modernes a déjà fait ses preuves dans d’autres régions de Madagascar. Le PPRR a donc décidé d’améliorer les techniques de production en fournissant des ruches à cadres mobiles type Langstroth et en formant les apiculteurs à l’utilisation de ces ruches modernes.

Les appuis du programme sont octroyés aux apiculteurs qui soumettent une proposition de micro-projet. Les principaux critères d’éligibilité sont la motivation et l’organisation des groupements de producteurs. Entre 2004 et 2008, 13 micro-projets ont été retenus. Les apiculteurs ont reçu un soutien financier pour l’achat de combinaisons de protection et de matériels tels que des ruches, des enfumoirs, des lève-cadres et autres équipements. Ils ont également appris à manipuler les nouvelles ruches et à en apprécier les nombreux avantages. Par exemple, la partie supérieure avec les cadres contenant le miel est séparée du corps de la ruche où se trouvent les larves, ce qui limite la présence d’impuretés. On peut en outre rapidement réutiliser les cadres pour une nouvelle production. L’entretien est également plus simple : il suffit de soulever le couvercle et vérifier qu’il n’y a pas de parasites à l’intérieur. Une seule ruche moderne peut produire 10 kilos de miel par récolte.

Au total, 500 ruches Langstroth ont été introduites et mises à disposition des apiculteurs de la forêt de Tampolo. Plus de la moitié d’entre elles sont déjà peuplées.

M. Rasendromanana, technicien apiculteur employé par le programme, insiste sur l’importance des formations : « Si le calendrier floral est bien maîtrisé, on peut compter sur trois, voire quatre récoltes par an, si les cyclones de début d’année ne viennent pas perturber les colonies. Auparavant, nous n’en avions que deux. »

Les autorités locales, également impliquées dans le programme, veillent à la bonne intégration de celui-ci dans la communauté. Mme XXX ,maire de la commune d’Ampasina Maningory se félicite de la collaboration fructueuse avec le programme. « L’effort commence ici en brousse ! », insiste-t-elle.

La qualité, synonyme de débouchés

De nombreuses initiatives sont mises en oeuvre par le PPRR pour améliorer la qualité et relancer ainsi la filière miel sur le marché extérieur. L’accent est mis sur le traitement après récolte : le miel est extrait par centrifugation puis il est filtré et stocké dans des seaux en plastique alimentaire, et entreposé dans un centre de collecte.

Le programme souhaite également faciliter la commercialisation des produits destinés aux marchés nationaux et internationaux en créant un Centre d’accès au marché (CAM) géré par une coopérative.

Le centre sert de point de collecte de tous les produits de la région, comme le miel, les piments, les clous de girofle ou le riz paddy. Il achète la production des membres de la coopérative et de particuliers à un prix légèrement supérieur à celui du marché, puis se charge de trouver les acheteurs les plus intéressants. Une partie des bénéfices dégagés de la vente sont ensuite redistribués aux membres et une autre partie est investie dans le développement du centre.

Ce mode de fonctionnement mis en place par le PPRR permet de réduire les intermédiaires entre le producteur et le client puisque les échanges sont directs et bilatéraux entre les opérateurs. Les agriculteurs membres ont largement adhéré à ce système de partenariat et commencent déjà à récolter les fruits de leur travail. La création de nouveaux groupements dans la région et la diffusion des techniques et des conseils en matière d’apiculture continueront en outre à soutenir la dynamique mise en place.

Emeline Schneider - Août 2007

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