PPRR
mercredi 27 août 2008
Produit typique de Madagascar, le litchi, est cultivé par 20 000 à 30 000 familles réparties sur 800 km le long de la côte est du pays. La campagne de litchi constitue un revenu clé pour un bon nombre de paysans malgaches en période de soudure, lorsque la récolte de riz baisse et que les prix augmentent. Elle mobilise de nombreux acteurs : producteurs, exportateurs, transformateurs et collecteurs indépendants ou travaillant pour des exportateurs. Les prix sont fixés par les importateurs. Ainsi, la dégradation de la qualité des fruits et l’intervention de trop nombreux intermédiaires dans la filière se répercutent sur les prix d’achat, au détriment des producteurs. Ceux-ci gagnent si peu que certains vont jusqu’à abandonner ou revendre leurs pieds de litchi.
Le Programme de Promotion des Revenus Ruraux, un programme de développement rural financé par le Fonds international de développement agricole (FIDA), installé dans la région depuis 2005, s’est entouré d’organismes formateurs et de centres techniques pour soutenir les petits producteurs de la filière. Avec l’appui d’ Agronomes et vétérinaires sans frontière (AVSF), une organisation non-gouvernementale, le programme souhaite développer un réseau équitable au sein de la filière litchi et permettre ainsi aux paysans d’augmenter leurs revenus.
La région d’Analanjirofo, sur la côte est de la Grande Île, est la principale zone de production. Le climat favorable est les sols fertiles constituent des conditions optimales pour un bon développement des litchis. La production est cependant variable d’une année à l’autre : on estime qu’entre 20 000 et 25 000 tonnes de litchis sont expédiées du port de Tamatave de fin novembre à début janvier. De nombreux pieds de litchi sont sauvages et la campagne repose encore sur la cueillette. Le manque d’entretien des arbres, la récolte des fruits à la hâte, la dégradation des routes et l’éloignement des centres de collecte ne jouent pas en faveur de la qualité du litchi malgache et les importateurs tendent à se tourner vers d’autres pays producteurs comme le Brésil, l’Afrique du Sud ou la Chine.
La qualité comme priorité absolue
Le programme appuie les producteur de diverses façons : il fournit des jeunes plants pour renouveler les pieds vieillissant de la côte, et dispense des formations en insistant sur l’importance de la qualité et sur la mise en place de bonnes pratiques agricoles. Il encourage les producteurs à adopter les techniques de reproduction par marcottage, la taille après récolte, la fertilisation et l’irrigation au goutte à goutte. Ces méthodes permettent en effet d’augmenter considérablement les rendements.
Outre les aspects techniques, le programme a également pour objectif d’améliorer le circuit de commercialisation du litchi. « Aujourd’hui, on paye le kilo de litchi 800 Ariary au producteur (soit $US 0,5), explique Gisèle Toaly, experte en commercialisation au sein du programme. Le principe du commerce équitable est de réduire les intermédiaires. Réussir à se passer des collecteurs, par exemple, serait un moyen efficace d’augmenter les revenus des paysans. »
Serge Maro, animateur AVSF et paysan vulgarisateur, sillonne la région sur son scooter afin de sensibiliser les organisations paysannes sur les concepts du commerce équitable : « Il est très important que les acteurs se rencontrent, affirme-t-il. Les paysans et les exportateurs peuvent ainsi négocier directement et chacun en sort gagnant. Si les collecteurs ont réussi à s’organiser, ajoute-t-il avec optimisme, les producteurs sont capables de faire de même ! »
En effet, les collecteurs savent s’organiser : quatre à cinq mois avant la campagne, alors que les litchis sont à peine en fleur, ils ont déjà visité les exploitations et loué les pieds aux producteurs. Ils sont souvent financés par les exportateurs et mettent déjà en œuvre la logistique pour la collecte et le traitement des produits. « C’est un système bien rodé que l’on souhaite changer ici, ajoute Mme Toaly. »
Instaurer le dialogue
Les différents acteurs sont mis en relation : groupements de producteurs, exportateurs et organisme certificateur. Pour commencer, cinq organisations paysannes ont été sélectionnées et sensibilisées aux principes du commerce équitable. Les paysans sont pleins d’espoir face à cette nouvelle optique. Des exportations de produits équitables vers l’Italie ont déjà commencé et la suite semble prometteuse. Max Havelaar, label désormais bien connu et dont les adeptes sont en constante augmentation, a proposé, par exemple, aux consommateurs un litchi équitable pour les fêtes de fin d’année 2008, garantissant ainsi aux producteurs de la région un prix minimum d’achat, supérieur aux cours mondiaux.
A terme, la dynamique mise en œuvre par la commercialisation du litchi équitable offre aux planteurs de la région Analanjirofo de nouvelles perspectives de développement, et la possibilité d’une vie meilleure.
Emeline Schneider - Août 2008
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