en collaboration avec

Accueil > Gestion des savoirs > Études de cas > Institutions rurales > Planification locale : une mobilisation exemplaire à Tranomaro

PHBM

Planification locale : une mobilisation exemplaire à Tranomaro

lundi 15 décembre 2008

Pour insuffler le sens de la responsabilité collective, le PHBM a aidé à la création de structures permettant la participation de toutes les cellules communales de développement. Celle de Tranomaro, qui a beaucoup de réalisations à son actif, est un cas exemplaire.


Le forage d’un puits, la fondation d’un centre de santé de base, la réhabilitation des écoles… : autant de réalisations, fruits des concertations entre les habitants de la commune rurale de Tranomaro, une commune située à 96 km de Tsivory, souvent citée en exemple en matière de dynamisme collectif. Selon le vice-président de la cellule communale de développement de cette localité, le progrès commence par la cogitation de tous les membres de la communauté. « Les décisions sont prises de façon consensuelle pendant les réunions de concertation. Chacun décrit les problèmes affrontés, définit les priorités et propose des solutions : insuffisance d’établissements scolaires ? Maladies liées au problème d’eau potable ? Epizooties ? Quelles solutions à long terme ? Comment préserver les acquis ! » Avec l’appui du PHBM, des plans de développement ont été formulés et des fonds débloqués pour financer les travaux d’intérêt commun.

S’exprimer librement et sans contrainte

En 2001, 9 communes se dotent de Comité Communal de Développement (CCD). Les deux dernières, Tomboarivo et Ranobe, ont crée les siens en 2003. Les CCD sont les structures de base de planification locale. Les habitants de ces communes, formées en grande majorité d’adultes analphabètes, ont dû passé plusieurs étapes pour maîtriser ces réunions de consensus et pour définir ensemble les priorités. Maximin Andrianantoandro, coordinateur de la cellule Organisation Paysanne du PHBM, souligne que la concertation n’était pas parmi les habitudes de la population de la région : « à l’époque, ils ignoraient complètement la notion de concertation. Nous leur avions appris les B-A BA des conduites de réunions. » Faneva, un cultivateur d’oignon à Tranomaro, est du même avis en ajoutant : « dans le temps, nous avions une culture très individualiste ».

Depuis, la mentalité a évolué. Les échanges et discussions sont libres et enrichis. « Les techniciens du Projet nous ont fait comprendre que nous avions intérêt à nous exprimer librement, sans contrainte. Il est ici question de notre développement et nous sommes les premiers concernés », souligne Tlig, habitant de Tranomaro. Même le nom des associations, qui ont vu le jour ces derniers temps, reflètent l’idée de faire des choses ensemble : « Miraihina » (solidarité), « Miraisoa » (union), « Miraihevitra » (consensus). L’objectif est d’adopter une décision appartenant à la majorité sans léser la minorité.

A terme, l’esprit d’entraide et de solidarité a changé le cours des choses. Les femmes ont trouvé une place prépondérante dans les discussions. Si auparavant, elles étaient exclues de toute prise de décision, maintenant leur participation est devenue active. A Tranomaro, Noeliarisoa une maraîchère, constate que maintenant, dans les structures de concertation, "les femmes sont égales des hommes. Ces derniers n’ont plus le monopole de la discussion et de la décision." révèle-t-elle. Une réelle avancée vers la valorisation de la femme, reconnaît la maraîchère, active dans toutes les réunions. « Les femmes ont leur place et prennent part dans toutes les activités », ajoute-t-elle.

Un long processus

Le PHBM a accordé son appui aux habitants à la création des CCD. Des campagnes de sensibilisation ont été menées par le projet dans les communes, puis dans les villages (fokontany). Le coordinateur de la cellule Organisation Paysanne (OP) explique que « la mise en place des CCD n’était pas facile. C’est le résultat d’un long processus. Il a fallu expliquer maintes fois à la population les rôles d’une cellule de concertation, sa structure, le rôle de chaque membre de bureau ».

La mise en place d’une structure communale de développement dure en moyenne trois mois. Le membre du comité communal doit tenir compte de la réalité locale : « Il fallait adapter les structures de chaque CCD à la représentativité de la population » note le coordinateur. Dans les communes à majorité d’éleveurs, les membres du comité sont en grande partie des pasteurs. Même cas de figure pour les agriculteurs. Par ailleurs, chaque commune propose un animateur de développement communal. Des formations élémentaires en matière de communication et conduite de réunion ont été dispensées à ce dernier. Pour aider les CCD à mener à bien leur mission, le PHBM les a doté de matériels de bureau.

La communauté locale a pris progressivement leur responsabilité dans toutes les activités entreprises. Au début, les agents du PHBM ont mené seuls les discussions pendant les réunions et les assemblés générales. Ensuite, les réunions ont été dirigées conjointement par les agents du Projet et les dirigeants des structures de développement, notamment les présidents des cellules et les animateurs de développement. Aujourd’hui, ces structures sont toutes indépendantes : « maintenant, plusieurs CCD sont autonomes. Ils peuvent se passer de l’aide des agents du PHBM. Ces derniers assistent aux réunions juste pour observer », se réjouit le coordinateur de l’OP du PHBM, satisfait de l’efficacité des cellules de concertation.

Herimalala Ratsimbazafy