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AD2M

Comment le projet AD2M participe-t-il à la lutte contre le changement climatique ?

lundi 8 novembre 2010

Les projets de sécurité alimentaire peuvent souvent contribuer à la mitigation du changement climatique, parfois simplement en modifiant ou augmentant certaines activités qui ont pour effet de séquestrer des gaz à effet de serre. À long terme, de nombreuses communautés pourraient ainsi participer au marché international du carbone et en tirer des revenus.


Il est fort probable que le défi majeur de notre siècle soit la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), en particulier le dioxyde de carbone (CO2), le protoxyde d’azote (N2O) et le méthane (CH4). Ces gaz, dont l’augmentation de la concentration dans l’atmosphère est causée par l’activité humaine, sont, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), responsables du changement climatique.

D’après les modèles les plus récents, la concentration de CO2 devrait augmenter en 2100 de 50 à 160 pour cent par rapport à 2000, entraînant un réchauffement de la température terrestre moyenne de 1,4 à 5,8 degrés Celsius d’ici 2100. Parmi les activités émettrices de GES, l’agriculture et la déforestation sont montrées du doigt : celles-ci sont à elles seules responsables de 31 pour cent des émissions. C’est pourquoi il est important d’agir au niveau agricole et forestier.

Dans ce contexte, le Projet d’appui au développement de Menabe et Melaky (AD2M) a un rôle à jouer, tout comme les autres projets de développement agricoles. Il s’agit à présent d’identifier les outils adéquats pour évaluer les émissions de GES, ainsi que les moyens pour les faire diminuer.

EX-ACT, un nouvel outil à la portée des projets

Récemment développé par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’outil EX-ACT, facile d’utilisation, peut apporter la solution. Il fournit des estimations ex-ante des gaz à effet de serre émis par le projet et permet ainsi d’affirmer si le projet est un émetteur ou un puits de GES. Ces résultats permettent ainsi de guider les décisions prises lors du lancement du projet, comme par exemple le sort à réserver aux activités émettrices de GES, ou le choix d’activités à intégrer pour rendre le bilan carbone final du projet positif en termes de séquestration de carbone.

De l’impact indirect des mesures sociales...

Pour AD2M, plusieurs scénarios basés sur les objectifs du projet ont été proposés, sur une échelle allant d’un scénario optimiste à un scénario pessimiste. Selon l’une des hypothèses, le projet aurait un impact positif indirect sur la déforestation des forêts de la région. En effet, les différentes mesures prises par le projet (développement du microcrédit, amélioration de l’accès au foncier, utilisation d’engrais, introduction de nouvelles techniques agricoles, etc.) devraient permettre de réduire la pression sur les ressources naturelles et forestières grâce à l’augmentation du niveau de vie de la population.

Combien de tonnes de CO2 pourront ainsi être séquestrées ? En admettant que le projet permette de freiner la déforestation de 5% à 4% par rapport à une situation sans projet, la quantité de CO2 séquestrée par la forêt (et qui donc ne serait pas relâchée dans l’atmosphère) pourrait s’élever à 2,70 millions de tonnes d’équivalent CO2 pour la région du Menabe et du Melaky.

À celui, direct, des mesures agricoles

D’autres activités du projet ont un impact positif direct sur la séquestration des GES. Il s’agit de l’apport de nouvelles variétés vivrières, rizicoles et maraîchères plus productives, de meilleures pratiques agronomiques plus respectueuses des sols, et la mise en place progressive du système rizicole intensif (SRI) et de pépinières d’essence fruitière et forestière.

Un autre point essentiel est la gestion des feux de brousse, très fréquents dans la région. Le projet prévoit de faire diminuer les feux de brousse grâce à des actions de sensibilisation. L’effet escompté en terme de carbone est un frein à la dégradation de la savane et une diminution des GES émis. En passant de un feu tous les deux ans à un feu tous les cinq ans, la quantité de GES “retenue” pourrait s’élever à 1,95 millions de tonnes d’équivalent CO2 sur toute la surface concernée par le projet.

Le marché du carbone, une source potentielle de financement

Toutes ces activités ne peuvent cependant pas prétendre à des crédits carbone, car la réduction de la déforestation n’entre pas dans les objectifs du projet et les activités de lutte contre les feux de brousse doivent remplir des conditions difficiles pour accéder au marché du carbone. En revanche, en considérant les volets reboisement, plantation d’arbres fruitiers et amélioration des cultures annuelles, le projet pourrait prétendre à 435 000 tonnes d’équivalent CO2, soit environ 2 175 000 de dollars sur 20 ans (avec un prix moyen de 5 dollars la tonne, le prix étant variable selon les marchés et le type de projet). En plus des bénéfices liés à la mitigation du changement climatique, la rente carbone pourrait donc devenir à terme une source de financement pour les projets agricoles du FIDA.

Enfin, l’étude de l’impact des activités des projets de sécurité alimentaire démontre que celles-ci peuvent également contribuer à la mitigation du changement climatique.