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PHBM

Alphabétisation des adultes : un levier pour le développement

lundi 15 décembre 2008

Transmettre des savoirs à une population majoritairement analphabète s’avère une tâche impossible. C’est ainsi que le PHBM a décidé d’intégrer l’alphabétisation fonctionnelle dans la seconde phase de son intervention dans le Haut-Bassin de Mandrare. Une initiative qui acquis une large adhésion de la population.


George Rasabotsy se met soudainement debout devant tout le monde pour raconter sa nouvelle vie depuis qu’il sait lire et écrire. Cet habitant de Tomboarivo, une commune située à 35 km à l’ouest de Tsivory, la capitale de la région, est un néoalphabète qui a passé avec succès les niveaux A et B de l’alphabétisation fonctionnelle. « L’apprentissage m’a complètement libéré de mon complexe d’infériorité. Depuis, je participe plus activement lors des réunions des groupements et je peux développer plus clairement mes arguments », dit-il. La fierté de cet homme reflète bien l’état d’esprit de la majorité des 6 600 néoalphabètes du Haut-Bassin du Mandrare. « Avant, j’avais dû recourir au service de mes voisins pour rédiger mes correspondances, ajoute-t-il, maintenant, je garde mes secrets car je rédige moi-même mes lettres ».

« L’analphabétisme de la population constitue un frein au développement » commente Jean Maximin Andrianantoandro, coordinateur de la cellule Organisation paysanne du PHBM. Dès la première phase du projet, il a été constaté que l’analphabétisme des adultes a constitué un blocage à la participation dynamique de la population aux différentes activités de développement, que ce soit les réunions ou l’adhésion aux différentes activités. C’est ainsi que l’alphabétisation fonctionnelle a été intégrée dans la seconde phase du PHBM dans le cadre du renforcement des capacités locales.

8 000 alphabétisés pour toute la campagne

Cette tâche incombe à l’Ong "Action Pour un Environnement Lettré" (APEL), une collaboration signée dans le cadre d’un partenariat avec le PHBM. L’APEL est un opérateur technique spécialisé dans le domaine de l’alphabétisation fonctionnelle des adultes. En 2004, une campagne de sensibilisation en la matière a commencé. L’alphabétisation fonctionnelle adopte un programme qui donne aux apprenants des éléments concrets applicables à la vie quotidienne. Actuellement, 6 600 personnes ont fini les deux premiers niveaux A et B. Après ces cycles, ils peuvent être considérées comme des néoalphabètes. La formation se passe pendant la basse saison agricole, du mois de mai au mois d’octobre, elle dure six mois par an, à raison de cinq séances de 2 heures par semaine pour un total de 200 heures par campagne. L’objectif est d’alphabétiser 8 000 adultes.

En 2005, on a ouvert le troisième cycle pour ceux qui veulent aller plus loin. Cette première année, plus de 700 apprenants ont suivi le niveau D. Après le départ du projet, ils seront appelés à assurer la formation de leurs pairs. Pour ces futurs alphabétiseurs, le programme est plus étoffé, notamment pour les techniques agricoles, la gestion simplifiée, l’entretien des infrastructures communes et la lutte contre le sida. La pérennisation de l’alphabétisation dépend surtout de ces alphabétiseurs mais aussi de la volonté des apprenants qui doivent leur assurer des indemnités.

Des bibliothèques villageoises

L’alphabétisation a un réel impact sur la vie des néoalphabétisés. Pour Donnal, un sexagénaire de Befihamy, un homme qui sait lire, écrire et compter n’est plus la cible des arnaques. Il raconte sa vie avant l’alphabétisation : « je ne connaissais ni le poids des marchandises ni la valeur exacte de l’argent ». Soragnavy, éleveur de la commune de Marotsiraka, reconnaît lui aussi l‘importance de l’apprentissage. « J’écris moi-même mes carnets des zébus après les vaccinations », souligne-t-il fièrement. L’alphabétisation a été initiée avant tout pour les membres des organisations paysannes mais plus tard elle atteindra toute la population. Jean Maximin Andrianantoandro, un agent du PHBM explique que « l’objectif est de faciliter l’adoption des divers techniques apportées par le projet ». Kazy, riziculteur de la commune d’Ebelo renchérit : « toutes les leçons ont un rapport avec le préoccupations quotidiennes et pratiques ».

Pour encourager la population à s’initier à l’alphabétisation « Feon’I Mandrare », la radio locale, émet une émission pour entretenir les acquis de l’alphabétisation. Herizo Andriamifidy, responsable de l’IEC du PHBM remarque que les dédicaces à la radio sont un outil très efficace pour encourager les gens à écrire. Le projet favorise donc un environnement de communication écrite, comme le souligne le coordinateur de la cellule OP au sein du PHBM. « Nous prévoyons à mettre en place une bibliothèque villageoise dans les communes qui abritent des centres d’alphabétisation où les habitants pourront consulter des fiches techniques sur la culture et l’élevage ». Le but final est donc de donner à la population les moyens de se prendre en main pour assurer leur avenir.

Herimalala Ratsimbazafy

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