Le livre

Une réponse flexible à la demande (Composante II)

La demande des pmer n’est pas uniforme vu leur diversité car les pmer appartiennent à plusieurs catégories:

• la cible des groupes vulnérables ou des activités de survie (épargne ou capital inférieur(e) à 15.000 FRw),
• la cible des entreprises émergentes (capital entre 15.000 et 150.000 FRw),
• la cible des entreprises en croissance (capital entre 150.000 et 1,5 millions FRw).

Le PPPMER a donc adapté dans la mesure du possible les différents modules de formation aux capacités entrepreneuriales des pmer.

1 Résultats « Appui aux petites et micro entreprises rurales » hors crédit

Un nombre impressionnant de pmer ont été touchées (4000) par le PPPMER qui a privilégié la réalisation d’une série de formations pour permettre aux bénéficiaires de bien gérer les appuis financiers et matériels qui leur ont été fournis.

a) Programme d'apprentissage des métiers

L'objectif du programme est d'apprendre à des jeunes non scolarisés/déscolarisés divers métiers, en vue de diversifier leurs activités et de réduire leur taux de chômage. La formation est dispensée sur le tas, pour une durée de 6 mois en moyenne, dans des entreprises expérimentées capables de transmettre des connaissances techniques d'un niveau satisfaisant. Ces entreprises formatrices sont appelées les pmer participantes (PP).
2219 apprentis ont été formés au lieu de 966 dont 47% de femmes !

La leçon de couture

Après leur formation, les lauréats apprentis peuvent bénéficier d’autres appuis de la part du projet, dont notamment : les formations en management (gestion et comptabilité, préparation des projets et gestion des crédits, esprit d’entreprise), en organisation générale des associations, en techniques organisationnelles et en crédit.
Les métiers d'apprentissage jusqu'à présent sollicités par les apprentis sont au nombre de 15, les deux plus importants étant la couture et la menuiserie qui retiennent respectivement 49% et 29% des apprentis formés.

b) Formation et recyclage des pmer en gestion et comptabilité élémentaire

L'activité a commencé en 1999, elle avait pour objectif de fournir aux pmer, les connaissances élémentaires de tenue des outils comptables, notamment : la tenue des livres, la fixation des prix (calcul du coût de revient et du prix de vente), la régulation des approvisionnements et la réalisation des travaux de fin d'exercice (bilan, compte d'exploitation, stock, amortissement). La formation s’est faite au fur et à mesure que les besoins ont été exprimés par les pmer. Certains bénéficiaires ont reçu des recyclages. Le bilan des réalisations est de l'ordre de 3 402 pmer formées, et 2 406 pmer recyclées.

c) Formation et recyclage en préparation des projets et gestion des crédits

Cette formation donne aux pmer les notions de base qui leur permettent d'élaborer des projets bancables auprès des institutions financières puis de bien gérer le crédit. Elle est dispensée à l'intention des pmer qui ont déjà acquis les notions de gestion et comptabilité élémentaire : 3049 pmer ont été formées et 1 946 pmer recyclées.

d) Formation des pmer à l’esprit d'entreprise

L'objectif de la formation est de permettre aux patrons les plus dynamiques d'améliorer leur capacité entrepreneuriale et la rentabilité de leurs entreprises. Cette formation, réalisée selon la méthode CEFE (GTZ), met l’accent sur le management, les finances et le marketing. Une priorité a été accordée aux représentants des pmer (associations ou individuelles) retenus comme Conseillers d'entreprises (CE) pour encadrer les autres pmer. Depuis le début de l'initiation du programme jusqu'à la date d'achèvement du projet, 256 personnes ont bénéficié de cette formation dont 70 CE.

e) Voyages d'études des pmer

Ces voyages doivent permettre de nouer les relations de partenariat avec des entreprises exerçant les mêmes métiers, mais plus expérimentées. Lors de ces visites, il y a des échanges d'expériences ; c’est aussi une occasion privilégiée pour les pmer d'apprécier les entreprises qui sont capables de dispenser une formation spécialisée en technologie. 580 pmer ont bénéficié de ces voyages.

f) Formation des pmer en technologie appropriée

Cette formation est destinée aux artisans les plus avancés qui doivent, ensuite, transmettre aux autres pmer opérant dans la même filière les connaissances qu’ils ont acquises.

Vendeuse de lampes artisanales

L'activité a été réalisée pour 646 pmer, en particulier dans les métiers suivants : couture (160), menuiserie (138), apiculture (122), forge, cordonnerie, réparations diverses, soudure, foyers améliorés, vannerie, broderie, tissage, tricotage, tapisserie, tannerie, fabrication de guitares, céramique, jus et confitures, fromagerie, champignons.

g) Participation aux foires

Les pmer ont participé aux expositions ventes organisées dans les Provinces et à différentes expositions internationales de Kigali une fois par an depuis 1999. L'effectif cumulé des participants à ces différentes foires est de 158 exposants et de 278 visiteurs toutes provinces confondues.

h) Construction des Halls (ou Hangars)

Dans le cadre de la promotion et du marketing des produits et services des pmer, le projet a planifié la construction d’un hall polyvalent de vente et d'exposition par Province. La participation des bénéficiaires dans cette activité a été exigée pour que ces dernières se sentent responsables et propriétaires de ces infrastructures. A la date d'achèvement du projet, seul le hangar de Ruhengeri était terminé. Dans les 2 autres Provinces, des problèmes liés au dynamisme des organisations de pmer ont retardé les travaux.

Hall d‘exposition vente de Ruhengeri

Au niveau des districts, un Hall a été construit à Kinigi, dans la Province de Ruhengeri, grâce à la collaboration avec le programme international de conservation des gorilles (PICG). Ce Hall est aussi exploité comme lieu d’exposition de produits artisanaux pour les touristes qui viennent contempler les derniers gorilles.

2 Des réponses relativement adaptées aux besoins des pmer

Comme on l’a vu au chapitre précédent, la sensibilisation/mobilisation des pmer a commencé par des séances d’alphabétisation pour les groupes vulnérables et les pmer de survie. L’accent a été mis sur une formation en cascade à l’intérieur des filières qui découle des artisans les plus compétents vers les artisans moins évolués, en particulier pour :

• l’apprentissage,
• les voyages d’études,
• la formation technique.

Ainsi, grâce au projet, les meilleurs des artisans sont devenus des formateurs, avec comme corollaire :

• une adaptation au milieu alors qu'une technologie trop sophistiquée risquait de ne pas trouver de marché ou, au contraire, de ruiner les petits concurrents locaux,
• un manque de formation technique on the spot ainsi que dans des institutions spécialisées (pas assez nombreuses), la formation technique ne représentant que 12,7% des coûts totaux de formation du projet.

Besoin en formation technique

Le projet ne répond pas assez aux besoins en formation technique, très vif chez les artisans. Dans les années 80, beaucoup d'artisans ont été éduqués par le CERAI - Centre d’enseignement rural intégré. D'autres ont ensuite été formés jusqu'en 1994 au CERAR - Centre de formation rural artisanal du Rwanda. Nous remarquerons aussi l’importance de l’église, au Rwanda, dans le domaine de la formation.

Halls d'exposition vente et marché

Pour la construction des Halls (ou Hangars), la participation semble symétrique avec le volume du marché, d'où des problèmes de participation dans les Provinces les plus pauvres.... même s'il y a des cotisations. A Ruhengeri, la motivation a été très élevée et la Fédération a financé 42% de la construction du hall.

3 Le dilemme du Crédit

Plus de 40% des pmer touchées par le projet ont obtenu des crédits.

a) Mise en place du système

L'octroi de crédits a commencé relativement tard par rapport aux autres activités du projet. Il a fallu former les pmer en management et en gestion des crédits et consolider les institutions financières potentiellement partenaires du projet. Deux types de crédits ont surtout été octroyés:

- Le crédit coup de pouce, destiné aux pmer les plus démunies (terme d'un an maximum). L'objectif est de leur permettre d'avoir un fonds de roulement pour animer leurs entreprises. Le plafond de ce crédit est de 50 000 à 80 000 Frw pour les pmer individuelles, et de 150 000 à 250 000 Frw pour les pmer associatives. Dans le souci de garantir la pérennité de l'action, l'octroi de ces crédits s’est fait en collaboration avec des institutions de microfinance (IMF). Le projet a également initié la création des mutuelles d'épargne et de crédit (MEC) de pmer, comme la mutuelle d'épargne et de crédit de Kagitumba (District de Bugaragara), la MEC Haguruka de Nyarutovu, la CEDK Duhaguruke de la ville de Ruhengeri, et IPABU à Bungwe. Ces MEC sont toujours appuyées, leur consolidation s'inscrivant dans le cadre de l'appropriation du projet par les bénéficiaires.

Artisane bénéficiaire d'un crédit coup de pouce

Les crédits coup de pouce ont été gérés par des institutions de microfinance (IMF) qui ont bénéficié de fonds de crédit (3 millions Frw par IMF) ainsi que d’appuis divers : ordinateurs, machines à écrire, calculatrices, coffres-forts, paiement des salaires des gérants, fournitures de bureau. Le projet a aussi formé les membres des comités de gestion en comptabilité, contrôle et évaluation des projets.

- Le crédit ordinaire octroyé à travers les Banques Populaires locales (terme de deux ans maximum). Ce crédit est destiné aux pmer en croissance pour leur permettre d'améliorer leurs équipements, de constituer des stocks suffisants de matières premières et d’avoir des fonds de roulement suffisants. Le plafond de ces crédits est de l'ordre de 1 500 000 à 2 500 000 Frw selon le type de pmer (individuelle ou associative).

Dans le cadre du protocole d’accord signé avec l’Union des Banques Populaires du Rwanda (UBPR) en septembre 2000, le projet a mis à disposition de l’UBPR un fonds de crédit de 300.000 USD pour l’octroi de crédits par les 16 Banques Populaires actives dans les zones d’intervention du PPPMER.

L'octroi des crédits a démarré en mars 2000 pour les crédits coup de pouce, et en 2001 pour les crédits Banques populaires. A la date d'achèvement de la première phase du PPPMER en 2004, 1633 pmer ou associations de pmer ont bénéficié de ces crédits pour un montant de 159 millions Frw.

Aussi bien pour les crédits coup de pouce que pour les crédits Banques Populaires, le nombre de bénéficiaires a fortement chuté en 2002. En effet, la baisse inquiétante du taux de remboursement a incité le Projet, après concertation avec les institutions financières partenaires, à suspendre provisoirement l'octroi des crédits pour donner la priorité aux campagnes de recouvrement.

Nombre cumulé de bénéficiaires par province:

Près de la moitié des crédits ont été accordés dans la Province de Ruhengeri où se trouvent les pmer les plus dynamiques du projet.

b) Un succès contrasté

La suspension du crédit par le projet a eu un effet positif sur les crédits coup de pouce - 81% des crédits ont été remboursés -, mais moins significatif sur les crédits ordinaires plus importants octroyés par les Banques Populaires avec seulement 70% de crédits remboursés. Précisons que les Banques Populaires, dont la participation au PPPMER a été plus ou moins imposée par les Préfets, ont géré mollement les crédits octroyés.

Néanmoins, il faut rappeler le contexte du lancement du PPPMER après la guerre où l’afflux de dons de nombreuses ONG n'a pas facilité l'apprentissage du crédit et a créé, au contraire, une situation d'assistance plutôt que de responsabilité. Aussi, les taux de remboursement observés pour un pays sortant d'une grave crise humanitaire restent-ils relativement élevés ! D’ailleurs, la création de mutuelles d’épargne et de crédits par les pmer à travers les Corps de métiers a été un aspect positif du projet. Ainsi, beaucoup de Comités de Crédit fonctionnent avec satisfaction avec en leur sein trois (3) représentants des pmer, un (1) représentant du projet, un (1) de l'IMF et un (1) du Comité de Développement Communautaire (CDC).

Citons, par exemple, dans la Caisse des Artisans de Duhaguruke à Ruhengeri :

• 526 membres
• Epargne : 6 millions FRw
• Prêt : 8,5 millions FRw
• Taux de remboursement : 95% ?
• Bénéficiaires des prêts : 238 personnes,
  soit presque la moitié des membres (45%).

Les CE sont devenus des interlocuteurs presque incontournables des caisses de crédit : ils appartiennent souvent aux comités de crédit où leur avis est pris en compte.

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