PROJET
POUR LA PROMOTION DES PETITES ET MICRO-ENTREPRISES RURALES |
Le livrePour que la greffe prenneAu cours des rencontres et des diverses discussions engagées avec tous les partenaires/bénéficiaires (ou stakeholders) du PPMER, les observations suivantes ont été retenues :
1 Pourquoi cette réussite globale ?Les facteurs les plus importants de réussite du projet ont été :
Méthodologie Rappelons l'excellence de l'approche méthodologique du projet en deux temps, la sensibilisation étant un préalable à toute action, en particulier dans les domaines de la formation et du crédit :
Mise en Œuvre Elle a été remarquable grâce à :
Soutien Institutionnel Enfin, n’oublions pas la réelle collaboration du projet avec les institutions locales et internationales. Elle a facilité la mise en œuvre du projet et ses réorientations successives en fonction des contraintes du terrain. Le dynamisme du management a été encouragé dans sa créativité et non freiné par des procédures bureaucratiques, ce qui est un élément primordial de succès dans un projet de développement. 2 Pour une formation plus pragmatiqueLes résultats sont étonnants par rapport aux sommes engagées. Néanmoins, nous évoquerons ici quelques dysfonctionnements qui pourraient être facilement corrigés pour renforcer l'impact du projet sur le long terme. a) Insuffisance de la formation techniqueLa formation technique ne représente que 12,7%
du coût total de la formation. D'après les nombreuses enquêtes
menées sur le terrain, elle semble insuffisante par rapport aux
demandes des pmer, en particulier celles qui sont dans le domaine productif
ou artisanal. Pourcentage du coût de chaque formation
Source : Administration et Finances du PPPMER b) Une adaptation nécessaireLes manuels de formation ne prennent pas assez en compte le niveau d’éducation des ruraux, en particulier ceux des néo-alphabètes. Pourquoi ne pas simplifier ces manuels pour les rendre accessibles et, ainsi, améliorer les capacités de gestion des bénéficiaires? En effet, de nombreuses pmer rencontrées sur le terrain n’ont pas semblé performantes en comptabilité, en particulier pour les travaux de fin d'exercice (bilan, compte d'exploitation, stock, amortissement). Nous illustrerons ce propos par les exemples suivants à Ruhangeri et Umutara: série 1 = Tenue correcte des livres comptables Environ 50% des pmer formées à Ruhengeri tiennent des livres comptables (« bien » pour plus de 25% des pmer) et 30% à Umutara (« mal » pour plus de la moitié d'entre elles), Byumba connaissant une situation intermédiaire. La formation en comptabilité et gestion est donc inadaptée pour la majorité des pmer du projet et il est difficile pour des entrepreneurs peu éduqués de suivre et de bénéficier des formations telles qu’elles sont données aujourd’hui en gestion. c) Autres besoinsPour la pérennisation des acquis du projet, les formations des bénéficiaires sont aussi à renforcer (ou initier) dans les domaines suivants :
De même, les programmes d'apprentissage devraient tenir compte de la diversification des métiers et ne pas se limiter aux métiers de couture et de menuiserie qui forment actuellement plus de 78% des apprentis. Apprenti raboteur 3 La pérennité du projetAvec le redéploiement du projet a l'échelle nationale et son désengagement des provinces de Ruhengeri, Byumba et Umutara, quelques questions méritent d'être posées. a) Anciennes zones (PPPMER)Quid des organisations professionnelles (OP) ? Les Organisations Professionnelles et les Conseillers d’entreprises ont été mis en place pour préparer la relève auprès des bénéficiaires en gestion et appui/conseil après le projet. Cependant, les OP n'ont pas reçu une formation suffisante en gestion, management, organisation ; beaucoup d'entre elles ne possèdent pas de bureau, malgré une réelle coopération des administrations provinciales qui ne disposent pas assez de bâtiments ; d'autres OP n’ont pas d’équipement et de fonds de roulement pour travailler. De même, quid de la pérennisation des OP sans cotisations ? Il y a parfois des cotisations ordinaires (20.000 Frw/an/filière) et extraordinaires (10% à 20% du salaire des formateurs y compris les CE). Certains Corps de métiers ont d'ailleurs adopté ce modèle pour financer les Halls d’exposition, mais d'autres reçoivent des cotisations à peine suffisante pour fonctionner (2.000 Frw/an/filière). Cependant, la gestion actuelle de plusieurs Fédérations et Corps de métiers reste remarquable vu le nombre d’années restreint de ces structures. Par exemple, la FECAR - Fédération des Collectifs des Artisans de Ruhengeri – joue déjà un rôle important dans la Province. En effet, c’est grâce à son dynamisme que le Hall d’exposition vente a été construit à Ruhengéri. Alors que le budget alloué par le projet était insuffisant, elle a su motiver les artisans pour qu’ils participent à 42% des frais de construction. Enfin, avec le désengagement du projet, le passage du flambeau aux Corps de métiers est relativement réussi : ils assurent aujourd'hui le paiement des CE et l'organisation des formations. D'ailleurs, plusieurs d'entre eux cherchent à récupérer les taxes perçues par l’administration sur les marchés pour consolider leurs finances... Quid des CE après le départ du projet ? Les pmer étant des entreprises ayant un niveau
de formation très faible, leur réussite est étroitement
liée à un encadrement continu et soutenu. Or le nombre des
CE est insuffisant. 37 CE resteraient en place sur les 70 formés
dans les 16 districts touchés par le PPPMER alors que les Conseillers
d’entreprise jouent un rôle essentiel pour les pmer, en particulier
dans cette phase de désengagement: recyclage en gestion, suivi
de leur formation technique, préparation/suivi de leurs dossiers
en microfinance, etc. Car les CE sont devenus stratégiques : ce sont eux qui assurent désormais le maintien du chaînon manquant depuis le départ des ALP. Qui paiera leur salaire après le projet - 10.000 FRw/mois pour deux jours de travail par semaine plus la dotation d'un vélo - ? L'avis est partagé et rares sont les Corps de métiers, comme celui d’Humure, qui se disent prêts à les payer. Néanmoins, quand le marché existe, la motivation semble plus forte et le paiement de leur salaire moins problématique... b) Nouvelles zones (PPPMER II)
Le dynamisme des ALP ne risque-t-il pas de faiblir dans la phase II du projet quand ils seront directement recrutés par des Prestataires de Service Externes (PSE) ? Ces PSE auront-ils les moyens d’investir les sommes nécessaires dans cette approche terrain ? C'est une question fondamentale : si le rouage des ALP se grippe, toute la stratégie du projet sera ébranlée, à commencer par la sensibilisation et la formation des pmer... c) Quelques recommandationsCrédits, Fonds de crédit et adaptation des produits financiers Evoquons ici les problèmes les plus cruciaux des microentrepreneurs : 1. Crédit coup de pouce. Des
améliorations ont été faites au cours du projet car,
au début, il fallait rembourser dès les 15 premiers jours.
Néanmoins, il faudrait encore aménager les différés,
raccourcir les délais entre la formation des entrepreneurs et l’obtention
des crédits, faciliter l'accès au crédit des apprentis.
2. Crédit ordinaire. Il faut diminuer le niveau des garanties exigées par les Banques Populaires (souvent 200%) et installer des produits financiers adaptés aux besoins des artisans en calculant des différés selon les activités financées. Les crédits sont insuffisants pour les entrepreneurs dynamiques. Par exemple, il est difficile aujourd’hui de faire financer un poste à soudure (400.000 FRw) ou un moulin pour fabriquer de l’aliment à bétail (1 million FRw). Ne parlons pas du financement d’un combiné pour un menuisier (de 4 à 7 millions FRw) ! C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les plus habiles d'entre eux fabriquent leurs propres outils...
La formation ne coûte que 25% du coût total du projet alors qu'elle en est l'une des pièces maîtresses, voir la justification fondamentale. Cependant, il n'est pas possible de la faire payer dans un premier temps car les bénéficiaires ne sont pas motivés: il faut qu'ils goûtent à la formation et qu’ils en comprennent l’intérêt pour en avoir envie. Et c'est seulement après l'octroi de formations apprécies par les bénéficiaires que l'on peut songer à les facturer en adaptant les coûts aux capacités de paiement des différentes catégories de pmer : activités de survie, entreprises émergentes ou entreprises en croissance... Propositions pour la formation de micro entrepreneurs dans le PPPMER II
Maintien de la subvention des CE dans les zones de désengagement Le paiement des Conseillers d'entreprise par des Corps de métiers, rarement opérationnels, ou par des pmer, trop démunies ou peu motivées sauf exception, semble très aléatoire dans les Provinces où le projet est en train de se désengager. Il ne s'agit pas de fonctionnariser les CE, mais mieux vaut les subventionner que d’assister progressivement à leur disparition. En effet, c’est cette élite des pmer, enracinée dans le milieu artisanal dont elle a la confiance, qui assurera la pérennisation, voir la diffusion des acquis du projet. En conclusion, le succès du PPMER est dû à trois raisons essentielles : 1° Sa méthodologie qui a privilégié la mobilisation et la sensibilisation sur le terrain avant toute action: c'est un préalable nécessaire, voir indispensable dans un milieu où les entrepreneurs sont souvent incapables d’identifier leurs besoins et de formuler une demande en formation ou en conseil sans parler de leur méfiance atavique vis-à-vis des fonctionnaires, des bureaucrates et de leurs représentants modernes, les développeurs. Guérisseuse en train de cueillir des plantes 2° Sa réponse aux véritables demandes des pmer depuis l’alphabétisation et l’apprentissage jusqu'aux formations en management et en technologie et, enfin, l’accès au crédit. En effet, même si des critiques viennent d'être émises sur le déficit en formation technique, le PPMER s’est attaché à répondre aux besoins des pmer dans un cadre artisanal (formation en cascade) qui correspondait à leurs demandes primordiales. 3° Last but not least, le management dynamique et flexible du projet qui a bénéficié, de surcroît, d’un soutien institutionnel éclairé. Sans l’implication au quotidien de toute la chaîne du projet – du coordonnateur à l’ALP – de tels résultats n’auraient pas été obtenus. Gageons que cette stratégie en résonance avec le terrain soit confortée si ce n’est amplifiée dans le cadre de la deuxième phase du projet car elle est la clef de la réussite exceptionnelle du PPPMER ! |