PHBM
L’élevage dans le Haut Bassin du Mandrare – 12 années d’activité au PHBM
jeudi 27 novembre 2008
L’élevage bovin et la riziculture rythment la vie agricole dans le Haut Bassin du Mandrare. Cependant, les activités d’élevage ne se résument pas aux bovins. Les petits ruminants, les caprins et dans une moindre mesure les ovins, sont aussi bien représentés dans la zone, particulièrement chez les ménages les plus vulnérables qui n’ont pas les ressources suffisantes pour acquérir des bovins. L’élevage aviaire, activité principalement féminine est pratiqué par la quasi-totalité des ménages. Les volailles constituent en effet la première source de protéines pour les populations locales. L’élevage porcin, enfin, est encore peu développé. Il est généralement pratiqué par les femmes. Il est peu représentatif de la zone puisque certaines ethnies le considèrent comme fady ou tabou, le porc ne peut alors pas être consommé.
Toutes les activités sont pratiquées de façon traditionnelle, de manière semi-extensive pour les ruminants et en libre parcours dans les villages pour les volailles et les porcs. Le cheptel bovin est estimé à 150 000 têtes environ quand la zone compte seulement 120 000 habitants.
Les zébus qui participent aux travaux agricoles (préparation des rizières et transport des produits) sont avant tout un signe de prestige social. Ce sont les grands propriétaires de bovins qui sont respectés et écoutés au sein de la communauté. Les zébus tiennent une place prépondérante au sein de la société. Ils constituent la forme d’épargne traditionnelle et trouvent leur place au sein de tout événement social (mariage, funérailles, cérémonies traditionnelles). L’élevage bovin est accumulatif. Chacun se doit de posséder quelques têtes de zébus pour pouvoir répondre aux exigences sociales.
Quand le PHBM s’installe dans le Haut Bassin du Mandrare, après la famine de 1991, les activités d’élevage sont fortement dégradées. Les troupeaux ont été décimés par les années de sécheresse successives, les maladies et les vols de bétail, très répandus dans la zone. De plus, la privatisation des services vétérinaires initiée en 1994 avait entraîné une chute des taux de vaccination bovine (moins de 40 % du cheptel était alors vacciné), d’où une augmentation de la mortalité.
Dans sa première phase, de 1996 à 2000, les activités du PHBM se sont concentrées sur l’amélioration de la couverture sanitaire des bovins et la facilitation des campagnes de vaccination. 23 couloirs de vaccination ont été construits dans les quatre communes de la zone d’intervention. Des associations éleveurs ont été constituées pour assurer la gestion et la bonne fonctionnalité de ces couloirs. Dans chaque association deux vaccinateurs ont été choisis par les membres et formés par un vétérinaire pour pratiquer et organiser les campagnes de vaccination. Dès cette fin de première phase, de bons résultats sont obtenus : 140 000 bovins sont vaccinés et le taux de mortalité est passé de 10 % en 1996 à 5 % en 1999.
Le travail sur la couverture sanitaire a continué au cours de la seconde phase où la zone d’intervention du PHBM est passée de 5 à 11 communes. Le maillage de la zone par les couloirs de vaccination s’est poursuivi avec la construction de 44 couloirs supplémentaires. 44 nouvelles associations d’éleveurs ont été constituées, 88 vaccinateurs villageois ont été formés. Afin de structurer davantage la fonction de vaccination, 11 vaccinateurs communaux ou agents communautaires de santé animale (ACSA) ont été choisis parmi les vaccinateurs communaux. Ces ACSA (un par commune) servent d’interface entre le vétérinaire responsable des campagnes de vaccination et les vaccinateurs villageois. Depuis le début de la seconde phase, les taux de vaccination dans les 6 communes supplémentaires sont passés de 40 % à plus de 80 % aujourd’hui. Le taux de mortalité est inférieur à 3 %. Pour compléter la couverture sanitaire du cheptel, des efforts ont été déployés pour réduire les taux de mortalité dus aux parasites internes et externes. 2 bains détiqueurs pour bovins, 21 bacs détiqueurs pour petits ruminants équipent désormais la zone mais ne sont pas utilisés.
Les éleveurs précisent que les coûts liés à la première utilisation sont trop importants. Mais la plupart sont encore peu conscients des dégâts causés par les parasites sur les troupeaux. Enfin, pour faciliter l’approvisionnement des éleveurs en produits vétérinaires, le PHBM a construit 5 points de ventes d’intrants vétérinaires et a assuré la formation des vendeurs. Bien que le déparasitage des animaux, et particulièrement des bovins, reste insuffisant, il faut affirmer que les actions du PHBM dans le domaine de la vaccination bovine sont une belle réussite. M. Makadody, vaccinateur communal à Elonty, assure que « les éleveurs sont absolument conscients des avantages apportés par le PHBM, la maladie du charbon qui tuait les zébus a disparu, les activités se poursuivront sans aucun doute après le départ du Projet ».
Ce n’est vraiment qu’au cours de la seconde phase que l’attention s’est aussi portée sur les autres activités d’élevage. Les résultats n’ont cependant pas été concluants dans la majorité des cas. Le PHBM a travaillé à la diversification des activités d’élevage mais ces tentatives n’ont généralement pas abouti. Les projets d’apiculture améliorée, de rizipisciculture et de l’introduction d’ânes ont du être abandonnés. Certains projets d’aviculture améliorée se poursuivent quand des débouchés existent localement pour les productions. La pépinière de reproducteurs caprins de race Angora installée à Ebelo pour arriver, à terme, à obtenir une lignée pure de caprins Angora après croisement avec les races locales se poursuit.
En 2004 – 2005, le PHBM a lancé des activités visant à l’amélioration des activités d’élevage à fort potentiel commercial. Les efforts se sont d’abord déployés sur l’amélioration de l’élevage de petits ruminants. 82 mini-projets visant à améliorer la conduite d’élevage dans les domaines de la santé animale, reproduction, alimentation, habitat, commercialisation ont été financés par le Projet. L’un des grands avantages de ces activités est d’arriver à cibler les populations vulnérables qui n’ont pas assez de ressources pour se consacrer à l’élevage de bovins. Les premiers résultats indiquent une baisse du nombre d’animaux par rapport au nombre de caprins distribués depuis 2004. Des efforts supplémentaires sont actuellement entrepris dans les 60 groupements les plus dynamiques pour retourner la tendance et aboutir à un meilleur taux de renouvellement des troupeaux qui assurera la pérennité de ces activités.
La seconde filière choisie pour son intérêt économique est la filière bovine. 21 mini-projets d’embouche bovine ont été lancés depuis 2006. Le personnel de la cellule Elevage a d’abord du se heurter à la méfiance des éleveurs pour transformer leur élevage traditionnel en une activité commerciale. Les réticences initiales commencent à s’estomper. Les éleveurs qui ont vendus certains animaux ont été convaincus par les prix obtenus (le gain s’élève à plus de 50 USD par tête vendue). L’amélioration de la conduite comprend une vaccination et un déparasitage systématique des animaux destinés à l’embouche, une amélioration de leur alimentation grâce à l’introduction de plantes fourragères et à une amélioration de l’habitat. Ces activités sont complétées par des actions de sensibilisation des éleveurs visant à déstocker le cheptel bovin très important dans la zone.
Il est effectivement important de sécuriser le potentiel monétaire représenté par les zébus en transformant peu à peu l’épargne sur pied en épargne monétaire. La Mutuelle du Mandrare collabore étroitement à ce travail de sensibilisation. Enfin, l’installation d’un marché à bétail dans la commune de Tsivory permettra aussi de dynamiser la filière bovine.
Sylvie Leguevel - octobre 2007
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