PROSPERER - PARECAM
mercredi 24 octobre 2012
Les producteurs de la région de Haute Matsiatra produisent de larges quantités de manioc qu’ils commercialisent, frais, sur les marchés locaux. Pour augmenter la qualité des produits et palier aux difficultés d’écoulement de leur production sur un marché déjà saturé, le projet « Opération de promotion de l’entreprenariat agricole » (OPEA) prévoit la construction d’une usine de transformation du manioc en farine de haute qualité. Analyse de la situation actuelle et éléments de réflexion.
À la clôture du programme d’appui à la résilience aux crises alimentaires (PARECAM), à la fin de l’année 2011, c’est le Programme de soutien aux pôles de microentreprises rurales et aux économies régionales (PROSPERER) qui reprend le projet de construction de l’usine, aux côtés de la Direction régionale du développement rural (DRDR), co-fondateur de l’OPEA.
Le projet « opération de promotion de l’entreprenariat agricole »
L’objectif principal de l’OPEA s’inscrit dans l’objectif global d’amélioration et d’augmentation de produits alimentaires et des revenus de la population rurale. Dans sa première phase, il a permis à des jeunes entrepreneurs d’acquérir des terres afin de se lancer dans une des cultures les plus importantes pour Madagascar, le manioc.
Ce projet propose aux jeunes désireux de se lancer dans la culture de manioc de s’installer dans la commune rurale d’Ambinaniroa, en Haute Matsiatra. Des appels radiophoniques ont été diffusés pour les recruter dans la région et les alentours. Quatre-vingt jeunes ont ainsi été sélectionnés et ont pu bénéficier de formations sur la culture du manioc.
Le manioc constitue, après le riz, le second produit vivrier du pays, tant en nombre d’exploitants qu’en volume de production. L’importance du manioc tient du fait que, lors des périodes de soudure, il constitue l’alimentation principale des ménages ruraux les plus pauvres.
Le fait que cette région soit une zone hautement productrice en manioc a déterminé le choix de la future implantation. Environ 95% des ménages y cultivent le manioc ; ce qui correspond à une production annuelle de 60 000 tonnes de manioc frais. Ce projet permettrait une production annuelle supplémentaire de 4 000 tonnes de manioc par an.
Le programme a procédé à l’acquisition de deux sites de 400 ha au total et a financé les travaux nécessaires à la mise en place des cultures du manioc. Les terres furent ultérieurement redistribuées aux jeunes entrepreneurs à raison de 4 ha par personne.
Le Centre de recherche appliquée au développement rural (FOFIFA) collabora avec le projet PARECAM pour la mise en place et la sélection de variétés améliorées, résistantes au virus de la mosaïque. Une parcelle de production de boutures améliorées fut installée au sein du pénitencier présent sur le site.
L’arrivée du programme PROSPERER
Lors de la reprise de ce projet, les responsables ont pris conscience de l’importance d’aider les jeunes à obtenir des terres, d’assurer leur formation, mais aussi de la nécessité de les accompagner dans la commercialisation des produits.
Toute la région étant grande productrice de manioc, l’écoulement des produits en période de récolte s’en trouve affecté. L’arrivée massive de manioc non transformé sur le marché induit inévitablement une baisse des prix ; les agriculteurs se retrouvent contraints de vendre leurs produits aux collecteurs à des prix nettement inférieurs aux coûts de production.
Afin de répondre à cette difficulté et offrir de meilleurs débouchés pour les jeunes producteurs locaux ainsi qu’une plus-value à la production, le projet a décidé de mettre en place une unité de transformation du manioc en farine de haute qualité.
L’usine de transformation de manioc en farine de haute qualité
Dans les années 60 et 70, l’industrie de transformation du manioc atteignait son point culminant. Une dizaine de féculeries réparties dans tout Madagascar produisaient de l’amidon et du tapioca destinés à l’exportation et à la consommation locale. Au fil des ans, toutes les féculeries ont fermé les unes après les autres ; seule une féculerie est restée active jusqu’à ce jour, mais elle ne peut pas faire face à toute la demande nationale.
Le but du projet est de répondre à cette demande en farine de haute qualité. Chaque année, le pays doit importer une grande partie de la farine de blé nécessaire au pays ; l’importation en farine de blé s’élève à peu près à 52 000 tonnes par an.
La farine de manioc peut facilement remplacer la farine de blé dans la composition de certains produits. En effet, le FOFIFA a mené des tests et a conclu que l’incorporation de la farine de manioc jusqu’à un taux de 25% dans la fabrication du pain n’affecte ni son aspect extérieur, ni son goût, ni sa conservation. Il est comparable au pain constitué de 100 % farine de blé. De même, l’utilisation de la farine de manioc peut aller jusqu’à un taux de 50% en pâtisserie et beaucoup plus, de l’ordre de 100%, en biscuiterie sans nuire à la qualité des produits finis.
Augmenter la production nationale en farine de manioc pour permettre de diminuer les importations en farine de blé est essentiel. Une seule usine, à ce jour, produit de la farine de manioc, mais ses installations ne permettent pas de combler cette nouvelle demande.
Le programme PROSPERER, en collaboration avec le FOFIFA, a donc prévu d’implanter une usine de production de farine de haute qualité sur la commune d’Ambinaniroa.
Ce projet promet de nombreux bénéfices pour la région : une augmentation de la plus-value pour les producteurs locaux, de l’emploi par l’utilisation de main d’œuvre locale et une augmentation de débouchés pour les producteurs de manioc locaux. En outre, le projet pourra profiter à une large frange de ménages grâce à l’installation de puits d’eau potable et à la possibilité de l’utilisation de générateurs d’électricité de l’usine, dont la capacité dépasse les besoins de l’unité de production.
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