Contexte
du pays et de la pauvrete
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Généralités
Situé entre les 12 et
26° de latitude Sud, Madagascar couvre une
superficie de 590 000 km2. Son extension en
latitude, sa double façade maritime et
son relief engendrent une grande variété
de climats. Le pays est souvent affecté
par des cyclones, qui causent parfois des dégâts
considérables aux infrastructures et
aux cultures en champ. Grâce à
la diversité des conditions écologiques,
on trouve à Madagascar la plupart des
produits agricoles, tropicaux et tempérés.
Il abrite un grand nombre d'écosystèmes
uniques au monde, comprenant des associations
floristiques et une faune toute particulière.
Certaines parmi celles-ci sont maintenant menacées
par des phénomènes d'exploitation
peu judicieuse d'une superficie croissante de
l'île. L'étendue du pays et son
relief souvent mouvementé expliquent
l'isolement de nombreuses régions, ce
qui constitue un frein aux échanges interrégionaux.
Contexte de la pauvreté en bref
Population
Dans l'absence de recensement
démographique récent, les estimations
de la population totale varient suivant la source
entre 12 et 13 millions d'habitants en 1993.
Le taux de croissance est estimé à
3,3% par an, mais serait en voie de diminution.
L'espérance de vie est de 50 années
pour la population masculine, 53 années
pour les femmes. La population urbaine représente
plus du quart de la population totale et augmenterait
à un taux de 6% par an. L'enseignement
primaire est à peu près universel,
mais beaucoup d'enfants ne complètent
pas le cycle de formation. Selon le PNUD, en
1992 seulement 18% des enfants scolarisables
étaient inscrits à l'enseignement
secondaire et 3% à l'enseignement supérieur.
En 1990, le pays comptait un médecin
par 8 300 habitants et une infirmière
par 2 400 habitants. Malgré ces taux
relativement favorables, la mortalité
enfantine est estimée à 110 7oo,
ce qui est légèrement plus élevé
que la moyenne en Afrique sub-saharienne. La
malaria est réapparue comme maladie endémique
principale, même sur les plateaux, où
elle était présumée éradiquée.
Le SIDA ne semble pas encore provoquer de problèmes
aussi graves que dans beaucoup d'autres pays
africains.
haut
Croissance
du PIB
Malgré les potentialités
physiques et humaines très importantes,
la situation économique de Madagascar
s'est progressivement dégradée
depuis 1972. Selon la Banque mondiale, le PIB
par habitant aurait baissé de 40% entre
1972 et 1992. Une reprise économique
semblait se dessiner vers la fin des années
'80 mais elle a été perturbée
en 1991 et 1992 par de longues grèves
et par des conditions climatiques défavorables.
L'année 1993, placée sous le signe
du renouveau, n'a pas permis une remontée
économique nette. Estimée à
1,9% elle est restée en dessous de la
croissance démographique. Les données
provisoires de l'année 1994 montrent
une croissance de 3,4% et 1995 devrait confirmer
cette reprise économique, notamment grâce
à la dévaluation qui a rendu un
nouvel élan à la compétitivité
de nombreuses productions nationales et il y
a des indications que les investissements privés
reprennent, cherchant à utiliser la main-d'oeuvre
relativement bien formée et devenue très
bon marché suite à la dévaluation.
Entre 1989 et 1993 le taux d'inflation se situait
autour de 10% par an. Une politique monétaire
laxiste et les premières dévaluations
du FMG ont provoqué une inflation estimée
à 39%. Ce problème a persisté
en 1995. Pour les années à venir
l'inflation diminuera rapidement pour autant
que le GDM réussit à continuer
l'assainissement des finances publiques et à
maintenir les meilleurs équilibres extérieurs
atteints depuis le flottement du FMG.
En 1993, le PIB était de l'ordre de USD
235 par habitant, ce qui place Madagascar parmi
les pays les plus pauvres du monde. La structure
du PIB n'a pas évolué beaucoup
dans les vingt dernières années.
Le secteur primaire, représentant quelque
34%, est surtout constitué du secteur
agricole de subsistance. Le secteur secondaire,
13% du PIB, comprend les branches industrielles
de l'alimentation, du bâtiment, du textile
et du cuir. Enfin, le secteur tertiaire, 53%
du PIB, comprend les services publics, le commerce
et le transport. La demande finale est caractérisée
par une très forte consommation et, par
voie de conséquence, par des taux d'épargne
(3,2% du PIB) et d'investissement (12,3% du
PIB) faibles.
Environnement
extérieur
Les exportations ne couvrent
généralement que quelque 70% des
importations, induisant un déséquilibre
structurel dans la balance commerciale. Les
importations concernent surtout des biens de
consommation, y compris des quantités
non négligeables de riz blanc, aliment
de base dont la production nationale est devenue
déficitaire depuis de nombreuses années.
Les exportations sont composées avant
tout de matières premières, principalement
agricoles: vanille, café et diverses
épices. Depuis peu on note l'importance
de deux nouveaux produits: fruits de mer et
litchi. Quelques productions industrielles,
notamment des vêtements, trouvent également
un marché international quelque peu incertain.
L'instauration en avril 1994 du libre échange
du FMG a permis de rétablir un certain
équilibre sans recourir à des
pratiques non conformes aux orientations économiques
globales comme la limitation des importations
et le contrôle de change.
L'endettement du pays est très
élevé et avait atteint un niveau
de 120% du PIB en 1993. Le service de cette
dette nécessite l'affectation de plus
de 70% des revenus d'exportation. Par conséquence
le pays a accusé des retards de remboursement
vis-à-vis presque tous ses créanciers.
La dette extérieure a aussi fait l'objet
de plusieurs réaménagements. Même
si les crédits obtenus récemment
ont tous été assortis de termes
très favorables, la charge annuelle en
vertu des intérêts sur la dette
reste élevée.
haut
Finances
publiques
La situation des finances publiques
est très préoccupante: en 1993
et 1994 le déficit était de l'ordre
de 11,3% et 7% du PIB respectivement, dépassant
nettement les objectifs annoncés d'un
déficit limité à 5% du
PIB. Les ressources budgétaires sont
par ailleurs largement affectées par
le mauvais recouvrement des recettes fiscales.
Celles-ci sont constituées avant tout
de taxes sur le commerce extérieur, notamment
les taxes d'exportation sur le café et
la vanille. Un arrière effet, que l'on
peut espérer temporaire, de la libéralisation
des échanges commerciaux réside
dans des problèmes de recouvrement des
taxes à l'exportation.
Ajustement
structurel
Au départ, les politiques
d'ajustement visaient la stabilisation financière
et se concentraient sur la gestion de la demande.
Les dépenses publiques ont considérablement
diminué, passant de 31% du PIB en 1981
à 24% en 1992. Parallèlement à
sa politique de stabilisation, le Gouvernement
a fait porter ses efforts sur l'offre, avec
l'appui fourni par la Banque mondiale, au moyen
d'une série de crédits à
l'ajustement sectoriel depuis 1984.
L'ensemble des réformes sectorielles
et macro-économiques a été
le fondement de la reprise économique
qui s'est matérialisée en 1988-90.
Les mesures prises depuis 1985 comprennent:
l'élimination du monopsone des offices
publics dé commercialisation des grands
produits agricoles et la suppression des contrôles
sur la plupart des prix; l'introduction d'un
nouveau code des investissements; la dévaluation
progressive de la monnaie nationale et la libéralisation
du taux de change; le remplacement des restrictions
quantitatives des importations par une structure
tarifaire simplifiée; la rationalisation
du secteur parapublic; l'amélioration
du processus d'affectation budgétaire;
et la réforme du système bancaire
commercial. Après les dérapages
du début des années '90 le Gouvernement
a repris en 1994 les discussions avec le FMI
et la Banque mondiale pour conclure un nouvel
accord sur un programme d'ajustement et de réaménagement
de la dette auprès du club de Paris.
En vertu de l'endettement du pays, les procédures
mises en place pour la préparation annuelle
du Programme d'Investissement Public (PIP) favorisent
fortement les projets pouvant bénéficier
de financements les plus concessionnels.
Le programme envisagé pour la période
1996-98 a pour objectifs: i) l'accélération
du rythme de croissance économique;
ii) la réduction du niveau d'inflation;
et
iii) la réduction du déficit des
finances publiques ainsi que celui de la balance
des paiements.
La Banque mondiale et le FMI
ont formulé une matrice de réformes
et de mesures à prendre dans le cadre
d'un futur accord. Elles visent entre autres
à réduire le déficit budgétaire,
à laisser flotter la monnaie (acquis
depuis mai 1994), à libéraliser
certains secteurs (vanille notamment), à
réduire les limitations aux importations
et exportations et à engager un programme
de privatisation. Le calendrier des mesures
à mettre en oeuvre en 1995/96 comprend
le désengagement de l'état du
secteur bancaire, la réforme du code
des investissements, la mise en place des structures
et des textes permettant d'engager la privatisation
des entreprises publiques à caractère
industriel et commercial et la libéralisation
des secteurs des produits pétroliers,
de la vanille, des produits alimentaires, des
transports et des télécommunications.
L'objectif fondamental de la politique budgétaire
est de réduire le déficit des
finances publiques par le renforcement de l'administration
fiscale; la simplification de la structure des
impôts et la mise en place d'un système
simplifié de taxation indirecte. Le PIP
triennal glissant constitue dorénavant
un des principaux instruments de rationalisation
de la gestion des ressources financières
de l'Etat. Il couvre une période de trois
ans (ce qui signifie que l'on doit donc élaborer
en 1995 le Projet PIP 1996-1998) dont la première
année possède un caractère
exécutif et les deux autres années
un caractère indicatif. Le PIP regroupe
tous les financements octroyés pour des
projets de développement, quel que soit
le statut des agences d'exécution qui
supervisent la réalisation des activités
de projet, sachant que pour le cas d'un opérateur
privé, ses activités doivent être
obligatoirement à but non lucratif. Le
Gouvernement s'est également engagé
à atteindre une position extérieure
viable par la libéralisation des échanges,
la diversification des exportations et la poursuite
du régime de change récemment
mis en place. La politique d'endettement extérieur
sera orientée vers la mobilisation des
aides hautement concessionnelles ou sous forme
de dons. Le Gouvernement est sur le point de
se désengager de toutes les entreprises
publiques des domaines agricole, industriel,
commercial et des services. Il a constitué
à cet effet une Commission indépendante
de privatisation.
haut
Production
L'agriculture est le secteur
qui fournit la plus grosse contribution à
l'économie malgache et elle emploie plus
de 70% de la population active et procure au
pays plus de 60% de ses recettes à l'exportation.
C'est une source de matières premières
pour l'industrie alimentaire et textile qui,
à elles seules, représentent 75%
de la valeur ajoutée dans le secteur
secondaire. On estime que plus de la moitié
de la superficie brute du pays soit cultivable
mais que seulement 5% serait actuellement mis
sous cultures. La saison culturale commence
en avril pour la plupart des cultures d'exportation
et pour le riz, sauf dans les cas où
celui-ci est pratiqué en deux saisons
dans des situations de contrôle de l'eau.
Plus de 300 000 km2 sont utilisés pour
l'élevage extensif: le nombre de têtes
de bétail dépasserait celui de
la population humaine. Les ressources forestières
couvrent aujourd'hui 20%, mais cette situation
est de plus en plus fragile étant donné
que les cultures dites "en tanety".
comportant quelques rotations sur brûlis
seulement, se pratiquent de plus en plus fréquemment
de manière anarchique et dévastatrice.
Le riz est la culture principale. C'est la base
de l'alimentation nationale et elle se pratique
donc partout, même là où
elle ne convient pas ou pourrait être
remplacée par des spéculations
plus appropriées et potentiellement plus
performantes (1). Les rendements sont, par voie
de conséquence, relativement faibles
dans beaucoup de rizières. Madagascar
a consenti, souvent avec l'aide de bailleurs
de fonds internationaux, de vastes efforts au
développement de la riziculture irriguée.
Depuis de nombreuses années la croissance
du secteur est restée inférieure
à celle de la population mais, suite
aux mesures de libéralisation à
partir de 1983 et surtout après 1988,
le secteur a réagi aux mesures de libéralisation,
sans que la croissance du PIB agricole n'atteigne
généralement celle de la population.
Sauf en année exceptionnelle, le pays
est resté tributaire d'importations de
riz blanc pour satisfaire aux besoins nationaux.
Les principales cultures d'exportation sont
le café, la vanille et le coton, mais
ce dernier, en déclin, est de plus en
plus absorbé par l'industrie de textile
nationale. Le café est la culture d'exportation
la plus importante, atteignant une production
comprise entre 70 000 et 80 000 tonnes par an,
dont les trois quarts sont exportés,
provenant d'une surface emblavée de plus
de 240 000 ha, plantations pour la plupart vieilles
et peu soignées. Les revenus sont à
la merci des conditions du marché mondial
et ont donc tendance à fluctuer sévèrement.
La vanille est essentiellement concentrée
dans les fivondronana (district) d'Antalaha,
Sambava, Andapa et Vohemar. Elle couvre aujourd'hui
un peu plus de 25 000 ha. La production est
assurée par des petits exploitants, cultivant
moins de 1 ha de vanilleraie, soit en culture
pure soit en association avec d'autres cultures
pérennes, principalement le caféier.
Il fût un temps où la vanille de
Madagascar bénéficiait d'un quasi-monopole
sur le marché mondial. Aujourd'hui, la
vanille est fabriquée artificiellement
et des producteurs de vanilles naturelles, moins
chers, se sont manifestés. Des politiques
nationales, notamment celle du prix plancher
à l'exportation et une taxe onéreuse
rigoureusement appliqués pendant longtemps,
ont également contribué au déclin
de la vanilliculture à Madagascar. Des
études réalisées récemment
établissent un diagnostic très
sévère, considérant qu'il
s'agit d'une production à l'agonie si
l'on n'y prend des mesures rigoureuses.
Madagascar exporte également des quantités
limitées de clous de girofle, de cannelle
et de poivres, produits pour lesquels le pays
semble avoir perdu ses marchés d'antan
en faveur de nouveaux concurrents, tels que
l'Indonésie et les Comores, entre autres.
Le déclin des prix à l'exportation
pour les clous de girofle pourrait très
bien s'avérer irréversible, tandis
que celui de la cannelle reste favorable. Depuis
quelques années un nouveau produit s'est
inscrit sur la liste des exportations. Il s'agit
du letchi. fruit très apprécié
et obtenant un excellent prix lors des fêtes
de fin d'année dans l'hémisphère
nord, époque à laquelle Madagascar
est à peu près le seul producteur
mondial. Aujourd'hui, les exportations annuelles
de ce fruit ne dépassent pas les 10 000
tonnes. Madagascar détient encore des
quotas d'exportation de sucre sur l'Union Européenne
et les Etats-Unis dont elle ne se sert généralement
plus, puisque la production nationale est absorbée
par le marché local.
Politique
de développement agricole
Les principaux objectifs pour
le secteur agricole sont l'expansion de la production
rizicole pour atteindre l'autosuffisance; l'augmentation
de la qualité tout en limitant l'augmentation
des quantités des produits d'exportation;
la diversification vers d'autres spéculations,
plus particulièrement les oléagineux;
et le développement de la capacité
nationale de recherche agricole en matière
de sélection végétale et
de lutte phytosanitaire. Ces options politiques
se sont traduites par la mise en chantier de
plusieurs programmes nationaux, appuyés
par les bailleurs de fonds, principalement la
Banque mondiale. Parmi les programmes en cours
on peut citer: le Programme national de vulgarisation
agricole (PNVA), le Programme de recherche agricole;
le Programme des finances rurales et le Programme
périmètres irrigués. D'autres
sont en cours de négociation, y compris
le Programme de promotion des exportations agricoles
et le Programme pour l'environnement. Ce dernier
bénéficiera d'un financement mis
en place par un grand consortium de bailleurs
de fonds, y compris le FIDA.
haut
Le Ministère
de l'agriculture et du développement
rural (MADR) |
Ce Ministère-clef pour
le développement du milieu rural a subi
de nombreuses mutations durant les dernières
années. Dans sa configuration la plus
récente le Ministère comprend
un seul Secrétariat général
qui gère l'ensemble des actions tant
administratives que techniques. Les "Services
Centraux Rattachés" s'occupent de
la formation, de l'information et de l'appui
aux entreprises rurales et de la structuration
professionnelle des producteurs. La division
comprend également le Service de la Tutelle
et de la Privatisation.
La Direction de la programmation
et du financement est spécialement chargée
de la programmation, de la planification et
du suivi des projets de développement
agricole. Il prépare les soumissions
du MADR au PIP et entretient les relations avec
les bailleurs de fonds extérieurs concernés
par des projets de développement agricole
et rural. La Direction des domaines et du cadastre
ressort également directement du Secrétariat
général du MADR.
La Direction générale
de développement rural coiffe tous les
services techniques, y compris: le Service de
la statistique agricole, la Direction de l'agriculture,
la Direction de la protection des végétaux,
la Direction du génie rural, la Direction
de l'élevage, la Direction de la pêche
et de l'aquaculture et, enfin, la Direction
des eaux et forêts. La Direction de l'agriculture
comprend deux sous-direction. L'une est chargée
de la Vulgarisation agricole et l'autre de l'Appui
à la production. La Vulgarisation Agricole
comprend trois services: vulgarisation et appui
à la recherche; formation; et appui aux
organisations paysannes. La sous-direction couvre
ainsi les principaux thèmes développés
dans le Programme national de la vulgarisation
agricole.
Aujourd'hui, le MADR est structuré
au niveau régional par des Représentants
dans chaque province (six). Les différents
services techniques sont représentés
au niveau des fivondronana par des Circonscription
suivant les besoins spécifiques de chaque
zone d'action. Parmi les circonscriptions on
rencontre les CIRAGRI (cultures), les CIRGR
(génie rural), les CIREF (eaux et forêts)
et les CIREL (élevage). Celles-ci ne
sont pas toutes présentes dans toutes
les parties du pays. Dans l'organigramme proposé
pour la décentralisation du MADR, les
représentants du MADR seraient en voie
de disparition et seraient remplacés
par un nouveau niveau d'intervention qui sera
créé: la Délégation
régionale du développement rural.
Ces Délégations couvriront deux
fivondronana en moyenne et coifferont les différentes
CIR. Elles seront établies en fonction
de l'existence des autres services de l'administration
notamment les Services du Trésor et des
Finances.
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