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    Contexte

    Situation générale et pauvreté rurale

    Après plusieurs années de réformes, Madagascar figurait dans le peloton de tête des pays africains commençant à récolter les fruits de leurs efforts, avec, durant la période 1997-2001, un taux de croissance annuel de 4,5%. Cet élan a malheureusement été brisé par la crise post-électorale qui a prévalu dans le pays pendant le premier semestre de l’année 2002, qui a plongé le pays dans une récession sans précédent (régression de -12% en 2002, taux d’inflation de 25% en août 2002 ramené depuis à moins de 10 %) et a eu un impact particulièrement sévère sur les finances publiques. Dans ce contexte, la pauvreté, une des plus élevées du monde, a tendance à croître, notamment en milieu rural. Le seuil de la pauvreté se situait en 2001 à environ 988 600 FMG par personne par an (dans la capitale), équivalent à 0,42 USD par jour. L'incidence de pauvreté au niveau national est de l’ordre de 69,6%, mais il monte à 85,5% pour les ruraux. Il atteint 87,9% dans la Province de Toamasina (où se déroulera le programme) qui apparaît comme une des plus pauvres du pays.

    Justification du programme.

    L'aggravation, très sensible, de la pauvreté rurale dans la Province, a, outre des causes conjoncturelles (crise politique et fréquence inhabituelle des cyclones au cours des dernières années), des causes structurelles profondes: stagnation des cultures de rente, en raison du vieillissement, du non-renouvellement et du manque d'entretien des plantations, baisse de la qualité, chute des cours sur certains produits (notamment le café), baisse de la part des prix FOB revenant au producteur, du fait des difficultés croissantes de collecte et de l'inefficience des systèmes commerciaux.

    Cet appauvrissement entraîne un certain nombre de phénomènes aggravants, qui nourrissent la spirale de pauvreté: résignation du monde rural; rétrécissement du marché local; dépendance accrue des ruraux vis-à-vis du circuit financier informel; tendance des exportateurs à l'attentisme. Les dysfonctionnements des circuits commerciaux jouent une part importante dans le processus de dégradation, et tiennent principalement à l'absence d'une chaîne intégrée ou continue de commercialisation reliant le producteur à l'exportateur, d'où il résulte des circuits longs et onéreux, la non valorisation de la qualité, la mauvaise transmission aux producteurs des signaux du marché, une collecte irrégulière et insuffisamment concurrentielle, des prix d'achat faibles et aléatoires. Ces dysfonctionnements pénalisent les opérateurs commerciaux aussi bien que les producteurs, et notamment les plus vulnérables d'entre eux.

    Les atouts pour le développement de la région sont cependant substantiels: la région a une vocation naturelle affirmée pour une large variété de cultures d'exportation, et les potentialités d'amélioration sont importantes. Les performances des cultures vivrières sont également largement améliorables et les marchés locaux loin d'être saturés. La matérialisation de ces potentiels exige que soit inversée la spirale d'appauvrissement, ce qui implique:

    (a)

    que les contraintes qui pèsent sur les producteurs (faible accès au marché, au financement, au savoir-faire, enclavement, contraintes foncières) soient réduites;

    (b)

    que le sentiment ambiant de résignation soit dépassé, au profit de la prise de conscience d'intérêts solidaires, au niveau des communautés rurales et au sein des filières de produits.

    Des résultats rapides en termes d'accroissement de revenus pourraient en particulier être obtenus sur les cultures d'exportation, dans la mesure où l'on parvient à améliorer l'accès des producteurs au marché et à restaurer le lien entre producteurs et opérateurs commerciaux.