Le livre
Contexte général
Malgré le charme bucolique de ses collines
et une douceur de vie retrouvée, le Rwanda
n’a pas oublié les tragiques évènements
de 1990 à 1994 qui ont vu sa population
passer de 7,7 millions d’habitants à
4,4 millions avec plus d’un million de morts
et deux millions d’émigrés.
En 1995, le pays était plus pauvre qu’en
1989.
Aujourd’hui, avec le retour des réfugiés,
dont beaucoup de langue anglaise, le pays compte
une population de 8,1 millions d’habitants,
soit une densité de 310 habitants par km2
sur une surface de 26.338 km2. L’économie
rwandaise, qui se recapitalise lentement, reste
caractérisée par les indicateurs
suivants : 65% des habitants vivent en dessous
du seuil de la pauvreté avec un taux de
scolarisation de 60%, le PIB/habitant est de 260
USD et l’espérance de vie de 52 ans.
De nombreuses exploitations familiales sont actuellement
dirigées par des femmes ou par des jeunes
et la malnutrition est généralisée.
Quant aux entreprises rurales et artisanales,
elles évoluent dans un environnement dominé
par le secteur agricole (90% de la population)
où la croissance est faible. Or ce secteur
doit être désengorgé car les
terres arables deviennent de plus en plus rares
à cause de la forte densité de la
population. De plus, les terres sont morcelées
et de moins en moins fertiles avec l’érosion
et la faible utilisation des engrais : soit 1
hectare pour 9 habitants et 70% des exploitations
inférieures à 1 ha.
La promotion des petites et microentreprises
rurales (pmer) est aujourd’hui l’une
des réponses les plus appropriées
au sous-emploi dans le monde rural, mais leur
croissance est lente et leur dynamisme peu perceptible
sur un horizon court. Or les pmer occupent une
position stratégique car elles peuvent
catalyser des processus de développement.
Il faut donc les faire émerger en agissant
sur le système éducatif (alphabétisation
fonctionnelle, formation en management et formation
technique), favoriser leur modernisation par une
technologie plus moderne ou appropriée
grâce au crédit, ajuster l’environnement
institutionnel et faciliter l'émergence
d'organisations professionnelles (OP), telles
que les Filières, les Corps de métiers
et les Fédérations, qui suscitent
des solidarités collectives et permettent
la promotion et la défense des métiers.
1 Caractéristiques globales des pmer
La petite et micro entreprise rurale au Rwanda
est une entreprise de type traditionnel caractérisée
par une technologie obsolète et une gestion
quasi-inexistante. Elle évolue dans un
secteur difficile à appréhender,
le secteur informel, caractérisé
par (i) la facilité d'accès aux
activités ; (ii) le recours aux ressources
locales ; (iii) la propriété en
général familiale des entreprises
; (iv) l'échelle restreinte des opérations
; (v) des techniques à forte intensité
de main-d'œuvre ; (vi) des qualifications
acquises souvent en dehors du système scolaire
par l'apprentissage ; (vii) des marchés
échappant à tout règlement
(peu ou pas d'accès aux marchés
d'Etat) et ouverts à la concurrence.
Les ressources financières de la microentreprise
rurale sont rares et la plupart des artisans ont
acquis leurs équipements par autofinancement
progressif grâce à de petits apports
personnels ou à l'aide de leur famille.
Ainsi 30% des entreprises validées par
le PPPMER ont obtenu des prêts pour s'équiper
ou augmenter leur fonds de roulement . Leur faible
technologie et les difficultés de leur
approvisionnement en matière première
(manque de fonds de roulement) sont les principales
difficultés auxquelles les microentrepreneurs
ruraux sont confrontés avec la faiblesse
de leurs débouchés et l’anémie
du marché.
Les coiffeurs du marché
La plupart des entrepreneurs sont aussi des agriculteurs
qui, en saison agricole, consacrent moins de temps
à leurs entreprises. Certaines activités
- plus de la moitié des entreprises validées
par le projet - ne constituent qu’un complément
de revenu pour les ménages et ne sont donc
exercées qu’à temps partiel
ou sur une base saisonnière. Elles ne nécessitent
qu'un faible capital et pas de local comme, par
exemple, les vendeurs ambulants ou les femmes
commerçantes qui proposent des légumes
sur les marchés.
Classification des pmer à
Ruhengeri selon le lieu de travail, leur activité
et leur situation institutionnelle
Total |
Lieu
de travail |
Fréquence
de l’activité |
Enregistrées
au district |
100% |
33% |
31% |
36% |
38% |
62% |
12% |
88% |
Les entreprises dotées
d’un capital plus important disposent d'un
local fixe : ainsi près d’un tiers
des entreprises appuyées par le PPPMER
ont un atelier ou une boutique. Ces micro entreprises
sont présentes dans tous les secteurs :
commerce, production, transport, services (y compris
bars et restaurant), construction, activités
en amont et en aval de l’agriculture. Elles
fournissent à la majorité de la
population rurale les services et les produits
artisanaux de base.
La production étant effectuée à
la demande, l'activité est souvent irrégulière,
et la main-d'œuvre, instable. La plupart
de ces entreprises ont moins de six (6) employés
, plus des deux tiers ne comptant qu’une
seule personne avec, parfois, un apprenti. Le
recrutement des apprentis - dont le nombre peut
être élevé – est souvent
familial et leur paiement aléatoire. Car
les revenus sont faibles et les rémunérations
maigres, de 300 à 500 FRw par jour. Un
tiers des entreprises a un chiffre d’affaires
inférieur à 15.000 FRw, soit un
revenu moyen évoluant entre 5.000 FRw et
10.000 FRw.
2 Zone du projet et groupe cible
Après plusieurs missions du FIDA en 1995/96,
un accord de prêt a été signé
en juin 1996 à Rome. Un Coordonnateur a
été recruté le 1er novembre
1997 suivi du démarrage officiel du projet
à Kigali et de l’institutionnalisation
de la collaboration avec les Ministères
techniques concernés. Mais ce n'est qu’après
son lancement en février 1999 dans la préfecture
de Ruhengeri, que le projet a véritablement
démarré sur le terrain.
La zone du projet comprend environ la moitié
des districts (16) des 3 provinces les plus septentrionales
du Rwanda, Ruhengeri, Byumba et Umutara:
- 5 districts ont été
couverts dans la province de Ruhengeri : Ville
de Ruhengeri, Bugarura, Bukamba, Kinigi et Nyarutovu.
- 7 districts ont été
couverts dans la province de Byumba : Ville
de Byumba, Kisaro, Bungwe, Kinihira, Humure,
Rushaki et Rwamiko.
- 4 districts ont été
couverts dans la province d’Umutara :
Ville d’Umutara, Bugaragara, Kabare et
Kahi.
Le PPPMER a donc été chargé
d'améliorer dans ces 16 districts la compétitivité
et la productivité des petites et microentreprises
rurales (pmer) en augmentant leur capacité
entrepreneuriale pour qu'elles fournissent des
revenus supplémentaires à des populations
rurales démunies.
Vendeur de brochettes (Humure)
Certaines des petites et micro entreprises du
groupe cible fonctionnent sur la base d'un savoir
faire empirique avec un très petit capital
(activités de survie), d'autres opèrent
sur la base d'un savoir faire plus spécialisé,
presque à plein temps (entreprises émergentes
ou en croissance).
Dans toutes ces catégories, une attention
particulière a été accordée
aux femmes et jeunes chefs de ménage, aux
jeunes ruraux non scolarisés, bref aux
groupes vulnérables. Le niveau élevé
de l’analphabétisme, le faible niveau
en gestion et en technologie handicapent fortement
la croissance de ces pmer qui sont incapables,
pour la plupart, de répondre à la
demande de services plus modernes.
Analysons maintenant la mise en œuvre du
projet sur le terrain à travers ses trois
composantes :
Composante I : Mobilisation et organisation des
producteurs,
Composante II : Appui aux petites et micro entreprises
rurales,
Composante III : Unité de coordination
du projet.
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